Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/88

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comprendre, le soleil même, si le soleil est l’intelligence du ciel, s’y éteindrait !

Lui. — Bien dit, monsieur, le soleil s’y éteindrait ; que serait-ce de nous ? Contentons-nous de faire sa volonté pendant ce petit moment sur la terre.

Moi. — Mais comment, Claude, avez-vous l’assurance que vous faites la volonté du bon Dieu ?

Lui. — Ah ! pour ça, monsieur, c’est différent ; je n’en sais rien mais j’en suis sûr.

Moi. — Mais, encore une fois, comment en êtes-vous sûr ?

Lui. — Comment, monsieur ? Parce que j’ai là, dans la poitrine et pas dans la tête ; la tête a des vertiges, la tête chante, comme nous disons, nous autres, mais le cœur ne tourne jamais, et la conscience ne chante pas ; — parce que j’ai là, — en frappant sur sa poitrine, — un cœur et une conscience qui ont deux voix sourdes, mais claires, et, qui me disent : Ceci est bien, ceci est mal, ceci est juste, ceci est injuste, ceci est bon, ceci est mauvais ; et ce qui est bien, ce qui est bon, ce qui est juste est la volonté de Dieu !