Page:Lamartine - Méditations poétiques (édition de 1820).djvu/123

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Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme, aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

Je voudrois maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvois la vie,
Peut-être restoit-il une goutte de miel ?

Peut-être l’avenir me gardoit-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une ame que j’ignore
Auroit compris mon ame et m’auroit répondu ?...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
À la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs ; et mon ame, au moment qu’elle expire.
S exhale comme un son triste et mélodieux.