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MÉDITATIONS


MÉDITATION DIXIÈME.

LE LAC DE B***.


Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?

Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devoit revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissois ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisois sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetoit l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.