Page:Lamartine - Méditations poétiques (édition de 1820).djvu/87

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Sous l’ombre de la mort me ranime et m’enflamme,
Et rend à mes vieux jours la jeunesse de l’ame.
Je remonte aux lueurs de ce flambeau divin,
Du couchant de ma vie à son riant matin ;
J’embrasse d’un regard la destinée humaine ;
À mes yeux satisfaits tout s’ordonne et s’enchaîne ;
Je lis dans l’avenir la raison du présent ;
L’espoir ferme après moi les portes du néant,
Et rouvrant l’horizon à mon ame ravie,
M’explique par la mort l’énigme de la vie.
Cette foi qui m’attend au bord de mon tombeau,
Hélas ! il m’en souvient, plana sur mon berceau.
De la terre promise immortel héritage,
Les pères à leurs fils l’ont transmis d’âge en âge.
Notre esprit la reçoit à son premier réveil,
Comme les dons d’en haut, la vie et le soleil ;
Comme le lait de l’ame, en ouvrant la paupière,
Elle a coulé pour nous des lèvres d’une mère ;
Elle a pénétré l’homme en sa tendre saison ;
Son flambeau dans les cœurs précéda la raison.
L’enfant, en essayant sa première parole,
Balbutie au berceau son sublime symbole,
Et, sous l’œil maternel germant à son insu,
Il la sent dans son cœur croître avec la vertu.
Ah ! si la vérité fut faite pour la terre,
Sans doute elle a reçu ce simple caractère ;
Sans doute dès l’enfance offerte à nos regards,
Dans l’esprit par les sens entrant de toutes parts,