Page:Lamartine - Méditations poétiques (édition de 1820).djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MÉDITATION SEIZIÈME.

LE TEMPLE.


Qu’il est doux, quand du soir l’étoile solitaire,
Précédant de la nuit le char silencieux,
S’élève lentement dans la voûte des cieux,
Et que l’ombre et le jour se disputent la terre,
Qu’il est doux de porter ses pas religieux
Dans le fond du vallon, vers ce temple rustique
Dont la mousse a couvert le modeste portique,
Mais où le ciel encor parle à des cœurs pieux !

Salut, bois consacré ! Salut, champ funéraire,
Des tombeaux du village humble dépositaire ;
Je bénis en passant tes simples monuments.
Malheur à qui des morts profane la poussière !
J’ai fléchi le genou devant leur humble pierre,
Et la nef a reçu mes pas retentissants.
Quelle nuit ! quel silence ! au fond du sanctuaire
À peine on aperçoit la tremblante lumière