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ENTRETIEN

AVEC LE LECTEUR


I

À mesure que ma vie s'est avancée vers le milieu de l'existence, les poésies y sont devenues plus rares, comme les fleurs et les eaux deviennent plus rares en été. Je n'ai plus chanté qu'à de longs intervalles ; j'ai pensé, j'ai parlé, j'ai agi, j'ai écrit en mauvaise prose : le temps pressait. L'art et le chant veulent du loisir, que je n'avais pas : aussi n'y a-t-il ni unité ni continuité dans les morceaux de poésie qui composent ce volume. Ce sont des fragments en vers de ma vie réelle.

La première pièce de ce recueil est un cantique sur la mort de Mme la duchesse de Broglie, fille de la femme immortelle qui a fait du nom de Staël un des grands noms français.

J'ai appelé ces strophes un cantique, parce que la pureté et la sainteté de la mémoire de Mme de Broglie ne pouvaient inspirer qu'une véritable religion d'accents au poète qui la célébrait. Je voulais que ma vénération et ma reconnaissance pour cette