Page:Lamartine - Recueillements poétiques, épitres et poésies diverses, 1888.djvu/98

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demeure
Où soupire Micol, où Jonathas me pleure !
Tout ce qui me fut cher habite dans ces lieux ! »
Et je ne pouvais plus en détacher mes yeux.
Enfin, las de traîner ma honteuse existence,
Dans mes oisives mains je ressaisis ma lance,
Et, brûlant de trouver un illustre trépas,
J’allai chercher la mort au milieu des combats !
J’allai chercher la mort, je rencontrai la gloire !
Je volai, comme ici, de victoire en victoire ;
Plus d’un peuple étonné me demanda pour roi :
J’ai préféré mourir à régner loin de toi ;
Et je retiens enfin, à mes serments fidèle,
Vaincre pour ma patrie ou tomber avec elle.


MICOL.

Mais sais-tu...


DAVID.

                           Je sais tout et ne redoute rien :
Ce bras est votre appui, mon Dieu sera le mien.


MICOL.

Mais Saül ?


DAVID.

                         Ses malheurs l’auront changé peut-être.


JONATHAS.

Fuis, les moments sont chers, et le roi va paraître ;
Que ce bocage épais te dérobe à ses yeux.

(David se retire.)