Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/167

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ploie toute ta puissance : je t’attends. » Ce défi causa beaucoup de peine à Nasser ; mais il n’en persévéra pas moins dans son alliance avec les Turcs.

Le lendemain, nous apprîmes que Zarrak était parti avec sa tribu pour le pays de Geziri, et de toutes parts on ne parlait que de la réunion des Bédouins contre Nasser. Mehanna, ayant appris ce qui se passait, appela son fils, et lui dit : « Nasser, voulez-vous donc briser les piliers de la tente de Melkghem ? » Et saisissant sa barbe de la main : « Voulez-vous, ajouta-t-il, faire mépriser cette barbe à la fin de mes jours, et ternir la réputation que j’avais acquise ? Malheureux ! tu n’as pas invoqué le nom de Dieu ! Ce que j’avais prévu est arrivé. Toutes les tribus vont se réunir au drayhy. Que deviendrons-nous alors ? Il ne nous restera plus qu’à nous humilier devant Ebn-Sihoud[1], cet ennemi de notre race, qui se dit roi des Bédouins : lui seul pourra nous défendre du terrible drayhy. »

Nasser chercha à tranquilliser son père, assurant que leurs affaires n’étaient pas aussi mauvaises qu’il le craignait. Cependant les Bédouins commençaient à prendre parti pour l’un ou pour l’autre ; mais le plus grand nombre donnait raison au père, qui était dans leurs véritables intérêts.

  1. Ebn-Sihoud commande à un million et demi de Bédouins. Il règne sur le pays de Derhïé, de Médyde, de Samarcand, de Hygias et de Zamos ou Zamen. Ces peuples s’appellent les Wahabis.
    Les Bédouins de la Perse, commandés par l’émir Sahid-el-Fehrabi, sont plus d’un million ;
    Ce qui, ajouté aux tribus de la Bagnad, Bassora, la Mésopotamie et le Horan, dont j’ai fait le dénombrement, donne une population errante de quatre millions d’âmes.