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LE SIÉGE DE PARIS.

La nuit sans étoiles est sinistre. Les rapports des agents de police sont de plus en plus effarés. Les fenêtres du cabinet où nous sommes donnent sur la rue de Jérusalem par-dessus la cour, et sur le quai par-dessus le jardin. L’huissier demande s’il doit fermer les doubles volets. M. Pouchet me consulte du regard. Je le connais assez pour savoir qu’il désire qu’on ne les ferme pas. Je pense aussi que ces fenêtres sans défense, éclairées, où nos ombres se dessinent, laisseront voir aux curieux que nous sommes sur nos gardes et sans crainte.

— Ne fermez pas les volets, disons-nous à l’huissier.

On me demande au salon. Ce sont des amis qui arrivent. Ils racontent ce qu’ils ont vu. Chacun d’eux croit que tout s’est passé où il était, comme je suis disposée à le croire moi-même. Charles Goudchaux sait très-bien la réunion des maires. Pour lui, pour les gardes nationaux, c’est l’événement capital de la journée. Le reste est de l’émeute. En venant, il a vu afficher une proclamation signée des vingt maires