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LE SIÉGE DE PARIS


sa fille, si ardemment patriote, Ménard, le supplient à mains jointes de donner sa démission, de ne pas subir l’outrage qu’on lui fait, de ne pas laisser amoindrir l’héritage d’honneur qu’il leur amasse depuis vingt ans avec tant de soins et de persévérance.

Dorian a des larmes plein les yeux, mais il répond sans hésiter :

— Quand j’ai quitté ma maison, mes usines, pour venir à Paris, j’étais prêt à tous les sacrifices. Quand j’ai accepté de faire partie du gouvernement de la défense, j’ai voué au service de la République ma fortune, ma vie, et la vôtre, Ménard, et la tienne, Charles. Vous me dites que je dois réserver mon honneur. Je ne crois pas qu’il soit en cause, c’est plutôt l’honneur des autres qui est en péril. Je me sens, il est vrai, atteint dans ma dignité. Eh bien, j’irai jusqu’à ce sacrifice-là. Je me suis taillé mon devoir dans la tâche nationale que nous accomplissons tous : je fonds des canons ! Si je cessais, il ne serait bientôt plus fondu ni un boulet, ni un canon, j’en suis certain. Je montrerai