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31 OCTOBRE.


l’œil navré, l’aspect lamentable, ils parlaient à l’esprit de quelque désastre.

— D'où viennent ces chevaux ? demandai-je.

— De Sedan.

C’étaient des haridelles fantastiques. Ces chevaux, dessinés par Gill, avec cette légende : Revenus de Sedan ! auraient tout dit, tout fait comprendre ; ils avaient conscience de leur misère, des nôtres ; je ne les oublierai jamais. Je verrai toujours dans ma pensée les quatre chevaux de la voiture impériale et ceux-là… ceux que l’homme de Sedan a emmenés et ceux qu’il nous renvoie…

M. Peltereau et son ami racontèrent à Mme Dorian l’affaire du Bourget, comment ils l’avaient vue, suivie ; les émotions, les tortures qu’ils avaient éprouvées derrière leurs lunettes ; leurs cris, leurs bras tendus en avant ; la dureté de la discipline qui les attachait au fort ; leur désespoir de ne pas recevoir un ordre ; comme ils s’attristaient en regardant les canons inutiles de quatre batteries de 6, qui, sans attelages, demeuraient stupidement à quelques lieues du combat, où elles manquaient, où elles eussent donné la victoire !