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LE SIÉGE DE PARIS


L’artilleur en permission qui m’a remis la lettre de Jules, un homme de quarante ans, un ouvrier, me disait : « Vrai de vrai, madame, votre neveu a un joli sang-froid ; je rage de n’en avoir pas tant que lui ! Je ne suis pas poltron au dehors, mais au dedans je songe un peu trop à ma femme et aux petits, quand les obus prussiens carambolent autour de nous. »

M. Paul Collin, le peintre, qui revient des avant-postes avec son colonel, M. Maurice Bixio, me raconte l’histoire la plus bouffonne du monde. En rentrant de sa garde, d’une grand’garde de douze jours, il veut monter à son atelier, le concierge s’y oppose, dit qu’il ne le connaît pas, se refuse à lui donner sa clef. Le propriétaire de cette maison est parti, les locataires sont partis, l’ancien concierge est mort au commencement du siège, le nouveau s’est laissé enterrer il y a huit jours, de sorte que le concierge actuel n’entend rien et ne veut donner de clef à personne.

— Je couche philosophiquement chez Maurice, me dit M. Paul Collin, dont le récit m’avait fait