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LE SIÉGE DE PARIS.

Antoine, les hauts quartiers défilent à perte de vue. Tous ces hommes marchent sans armes, en rang, les chefs auprès des compagnies. De temps à autre, la voix du peuple, vox Dei, fait entendre son arrêt : Déchéance !

Les mots, les cris, se confondent dans une sorte de grondement terrible, semblable au bruit de la mer courroucée. On écoute ce cri formidable ; on regarde cet océan qui marche ; on recule devant ces flots énormes qui déferlent sur une berge trop étroite. Quelle puissance résisterait à cette puissance ? Le vrai souverain est là ! Nulle force ne vaincra ce nombre. Toutes ces volontés unies en une seule volonté colossale, irrésistible, dicteront leurs lois.

Il est une heure et demie. Dans toutes les directions, le peuple afflue vers le Corps législatif. Nul encombrement au milieu de ces larges issues. Les voies stratégiques faites pour mitrailler les Parisiens en cas d’émeute aident à la circulation.

Durant l’interminable procession d’au moins cent mille gardes nationaux, pas un poste n’est