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le lendemain matin au petit jour ils avaient disparu emmenant l’enfant avec eux. Ils le conduisirent jusqu’au village de Y… et le remirent entre les mains des braves habitants de l’endroit qui le logèrent et le nourrirent jusqu’à sa mort.

On ne sut jamais le nom du pauvre déshérité, mais apercevant les nombreuses marques de brutalités dont son corps était parsemé, les vilaines cicatrices dont sa figure, ses mains et ses pieds étaient marqués, ils lui donnèrent le nom de Patira.

Malgré les soins empressés dont il était l’objet de la part des habitants, l’enfant avait conservé la manie d’errer dans les bois et souvent on le surprenait le corps adossé à un arbre, les bras en croix, semblant réciter une prière de supplication.

On supposa que surpris dans cette position en pleine nuit, à la porte de la petite chapelle, un passant effrayé lui avait lancé une pierre. L’enfant frappé à mort s’était affaissé sans proférer une plainte.

C’est là qu’on l’avait trouvé le matin, la pierre meurtrière à ses côtés.

Dans la journée, sans doute, d’après les donnés de la Providence, arriva dans le village de Y… le vieux missionnaire accompagné d’un sauvage converti de la tribu du méchant sorcier.

Le sauvage raconta aux habitants terrifiés l’enlèvement et les horribles souffrances endurées par l’enfant innocent.

Il raconta aussi la fin horrible du sorcier, qui était mort à quelques jours de là, miné par une maladie