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— Ah, ah ! dit le mari outré de colère : je te surprends, belle chèvre menteuse ! Mais tu as fini de mentir ! Et avant de faire mourir ma femme et me rendre injuste envers elle par les reproches immérités dont je l’accable, tu vas être punie de manière que tu ne pourras plus mentir ni à moi ni à d’autres. »

Et s’emparant de la chèvre, il lui coupe la langue, lui casse les reins et les pattes et la fait rouler pour exhaler ses dernières lamentations sur un amas de fumier devant la bergerie.

Le mari se rend à la maison et s’empresse de raconter à sa femme ce qui vient d’arriver, tout en lui demandant pardon pour l’avoir boudée et lui avoir adressé les reproches qu’elle ne méritait point.

Et la femme heureuse, malgré la perte de la chèvre qui donnait de si bon lait gras, préférait conserver les bonnes grâces de son époux et la douce quiétude qui avait fait leur bonheur jusqu’à ce jour.

Vous voyez mes petits enfants, que le mensonge peut rendre beaucoup de gens malheureux et que la petite langue menteuse peut engendrer les pires malheurs.

Gardez-vous de mentir, et allez tous prendre un bon repos que vous avez mérité.

Et tous ils se retirèrent, souhaitant une bonne nuit à Tante Rose, trouvant que la veillée avait passé bien vite.