Page:Lambert - Laide.pdf/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
LAIDE

d’eux et de ne laisser pénétrer aucun nouveau venu auprès d’elle. Je sus qu’elle était l’alliée des plus vieilles familles du Milanais, imbue par conséquent de tous les préjugés aristocratiques. Elle portait, de son chef, des armes dans lesquelles étaient l’échelle des Scaliger et la couronne d’un marquisat célèbre, d’investiture impériale. C’est pourquoi elle aimait à se dire Gibeline.

— Prétends-tu l’épouser ? demanda Romain avec terreur.

— Hélas, mon père, quelle que soit la forme de mon malheur ou de mon bonheur, je vous le devrai, repartit le jeune homme. Apprenez donc que la marquise, en vraie grande dame italienne, adore la Renaissance. Je découvris qu’elle n’admet qu’un peintre dans notre temps, un Français, Romain ! Sans les obstacles que ses amis dévoués apportent à tout ce qui l’éloigne d’eux, elle fût venue à Paris faire faire son portrait par vous, par celui qu’elle nomme : le maître ressuscité ! Lorsque j’eus cette révélation, j’écrivis à la mar-