Page:Lambert - Laide.pdf/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
LAIDE

moins de me donner les remords des premiers. Je pourrai, au contraire, narrer mes aventures comme les vieux militaires narrent leurs campagnes, car la passion a des péripéties, des surprises, bien plus diverses que la gloire. Je reviendrai chez moi, chez une amie, chez une parente, chez une compagne, chercher l’apaisement, le calme qu’on trouve à deux dans l’âge mûr par une commune entente de la vie. Tu comprends, Hélène, que je ne puis choisir, pour combler les intermèdes de mes galanteries et pour en couronner l’édifice, qu’une femme sans ambition possible de l’amour, qui applaudira à mes bonnes fortunes, comme tu le fais, qui ne s’apitoiera point sur le nombre des délaissées, mais qui encouragera mes nouvelles inconstances. Enfin, je n’épouserai que toi, Hélène, et je te demande en mariage !

Elle essaya, par un effort suprême, de ne paraître ni abasourdie ni bouleversée. Certaines paroles de Guy avaient soulevé en elle d’insurmontables répulsions, d’autres avaient fait bondir