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LAIDE

de faire découvrir toutes les glaces voilées jusque-là. Depuis trois mois la convalescente s’était efforcée d’oublier son visage malgré la tentation que les regards des autres lui donnaient de se regarder. Joséphine, Césaire, les domestiques comprimaient impatiemment les élans d’une joie qui croissait chaque jour, lorsque leurs yeux dévoraient les traits sans cesse embellissant de leur maîtresse chérie.

Hélène s’était vue devenir très-belle de corps. Sa peau fine, tendue par un embonpoint élégant, lui donnait une envie folle de s’admirer, et elle rêva plus d’une fois de la salle de bain dans la maison grecque où sa mère la baignait enfant. Lorsqu’elle contemplait ses bras nus, ses belles mains potelées, lorsque sa poitrine lui apparaissait avec des seins gonflés, lorsqu’elle marchait la taille souple et molle dans ses hanches arrondies, le souvenir des belles statues de son père ne la faisait plus pleurer de jalousie et de désespoir.

Ses cheveux, décolorés et plats autrefois, re-