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LAIDE

sion de l’amour, j’aurai celle de la paternité.

— Et moi, moi, oui, j’ysonge, Martial. Avec ta fille belle, ma belle-fille, je tenterai de reprendre mon fils. Car, vois-tu, ami, ce n’est point un endurci. Il est tellement préoccupé de n’être ni Don Juan ni Lovelace, d’être un amant de l’amour, que je ne le crois pas corrompu. Il me semble qu’il eût été fidèle à la tendresse qu’il avait pour Hélène si elle fût restée jolie, et alors maintenant…

— Maintenant, nous lui en ferons voir de grises dans son ménage. Ah ! le galant se marie par dédain du mariage. Il prend une femme très-laide pour n’être tenu à aucun devoir envers elle ! Bon, bon, jeune homme plein d’astuce, nous vous apprendrons qu’on ne se soustrait pas impunément à toute responsabilité envers les autres et que la jouissance exclusive, ce qu’on appelle le plaisir, a ses risques, même quand on se croit assez malin pour les avoir escamotés tous. Nous rirons bien de ce mari trompé qui croit épouser la laideur et qui épouse la beauté. S’il y a là un cas de nullité de mariage, j’en ré-