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LAIDE

— Tandis qu’aujourd’hui ?

— Aujourd’hui je suis belle, et je déteste tes aventures, dont il me semble que je dois me venger. Je les haïrais d’ailleurs même en t’aimant, puisqu’elles m’empêchent d’attendre de toi un amour que tu ne peux plus ressentir.

— Chère Hélène, regarde dans mes yeux, jusqu’au fond de ce cœur que tu connais bien, et vois, ô mon juge idolâtré, si ma confession est loyale. J’ai été désœuvré, curieux, passionné. J’ai aimé, soit pour distraire les longs jours ennuyeux de ma jeunesse, soit par vanité, soit par imagination. À Vérone, je me suis cru pour la première fois complètement amoureux avec mes sens et avec ma tête. Mes désillusions n’en ont été que plus cruelles, tu l’as compris, tu le sais. Je n’ai aimé que toi avec mon cœur. Ta beauté, ton esprit, mon amitié me font éprouver ce triple amour, toujours scindé, dont j’ai sans cesse désiré les douceurs, les attraits et les feux.

Hélène, le front courbé, les yeux à terre, la