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LAIDE

tice, elle est combattue, à peine éprouvée. La vaillance qu’échauffe un noble orgueil l’a bientôt vaincue. Un matin le réveil se fait. Après la tempête et ses violences, on sent le retour du calme. On se dit que se défendre exige plus de vertu que de se laisser écraser ; que se courber rapetisse, que se redresser grandit !

Hélène se redressa donc de toute sa hauteur, et, dédaignant le mal qui lui était fait, elle prit l’existence telle qu’elle la recevait, ferma son cœur à triple tour, et donna la liberté à son esprit, jusque-là tenu prisonnier.

L’hôtel que lui avaient légué les parents de sa mère était bourgeoisement meublé, quoique plein de richesses. Hélène, pour n’avoir pas un seul instant le loisir de se retourner vers le passé, remeubla cet hôtel et en changea toutes les dispositions intérieures au gré de ses désirs les plus capricieux. Maîtresse de sa fortune, elle résolut de s’entourer d’une magnificence qui l’obligeât à perdre ses habitudes paisibles et ses goûts simples d’autrefois.