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LAIDE

d’oppression et envoyât des ordres à Guy, elle qui ne lui avait jamais adressé que de timides vœux. Hélène, à qui ses gens et ses fournisseurs ne résistaient point, et qui prenait goût à la volonté, signifia par lettre, à son jeune ami qu’il eût à honorer de sa présence, sous peine de brouille éternelle, la fête qu’elle donnait le 15 juin.

Romain était plus inquiet que jamais de l’éloignement de son fils, dont la dernière lettre finissait par ces mots :

« Il serait heureux pour moi, cher père, sinon pour toi, que tu tombasses en quelque maladie grave. Je briserais, par un effort suprême, pour aller te soigner, les lacets qui m’enveloppent, et qui vont peut-être m’étrangler une bonne fois. Elle est belle, elle est irrésistible, elle est veuve, j’ai peur de l’épouser ! »

Hélène ne cessait de bourrer ses heures d’occupations sans nombre. Elle avait trouvé, au milieu des tracas de son installation, le vif désir de faire preuve à la fois de grande originalité et de très-bon goût.