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LAIDE

Hélène l’interrompit.

— Tu crois me consoler, nourrice, avec tes regrets, dit-elle. Es-tu bien certaine qu’un aveugle qui a vu clair jusqu’à sept ans soit plus heureux qu’un aveugle de naissance ?

— Oui, s’il a conservé l’espoir qu’il reverra un jour la lumière.

— Tu sais depuis longtemps que moi…

— Je sais, je sais que vous avez toujours les mêmes traits, et la preuve c’est que, même à présent, vous ressemblez à votre mère.

— Oui, en caricature !

— Ce teint de cire, vos cheveux décolorés, vos lèvres toutes blanches qui font paraître vos dents jaunies, cette maigreur effrayante, tout cela peut changer encore. Votre vieux médecin me le disait autrefois.

— Il y a quinze ans, nourrice.

— C’est vrai, mais si vous habitiez la campagne, Hélène ? Le soleil, l’air vous rendraient un peu de teint ; vous n’êtes pas contrefaite,