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Page:Lambert - Mes illusions et nos souffrances.djvu/18

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et la honte de la France dépassent toute mesure ! On raconte que Napoléon III, en capitulant, a livré les munitions de l’armée, l’artillerie, mais qu’il a sauvé ses bagages à lui. Cette longue file de voitures qui embarrassait tant la marche de nos troupes à Reims, et qui avait fait surnommer l’empereur Colis III par nos soldats, toutes ces voitures sont hors de danger. Qu’importe le reste à cet homme ?

— Les Prussiens seront à Laon demain, et dans trois jours sous Paris, murmure un découragé. De quelque côté que nous regardions, c’est l’abîme. Notre dernière armée a capitulé. Nous ne sommes plus un peuple, mais un troupeau de prisonniers.

— Et ces hommes d’État de l’Empire, messieurs, crie derrière moi un vieillard, où sont-ils aujourd’hui ? Les députés, les ministres, tous ces attachés à la maison de l’empereur, ces soi-disant cariatides du système, sont redevenus poussière. Vous verrez qu’il n’y aura pas un homme dans le parti bonapartiste pour arrêter l’effondrement.

Les exclamations désolées ricochaient autour de moi.

— Nous sommes trahis, nous sommes vendus, nous sommes perdus ! Nous voilà punis de nous être, pendant vingt ans, désintéressés de la chose publique.