que peu ou point de travail, il végétait sans pouvoir trouver aucune place stable.
Durant ses jours de chômage, tenaillé par l’ennui, le pauvre vieux, prenait son « petit coup ». Depuis trois jours il était sans ouvrage. Le matin de la quatrième journée, il s’en revenait à sa maison de pension, triste, morne et découragé, quand lui vint à l’esprit l’idée de s’acheter un flacon de Jamaïque. S’étant enfermé dans sa chambre, il caressa la bouteille et ne parut point au dîner. Dans l’après-midi, passablement éméché, appesanti et attendri par les fumées du Rhum, il verse d’abord d’abondantes larmes de désespoir ; puis, tout à coup, saisi d’un accès de rage, il se lève comme poussé par un ressort, et s’écrie : « Tornon de confonte ! il ne sera pas dit qu’on aura vu Jos Caillade se dandiner dans les rues de ce village, affublé des habits de ce vieux réprouvé de ministre hérétique qui, à l’heure actuelle tire le diable par la queue, dans les enfers ! »
Ce disant, le Vieux Canadien fait rondement un paquet de toutes les hardes reçues et s’en va reporter le tout au garçon du ministre.
C’était sur le soir ; le ciel était devenu menaçant : de gros nuages noirs montant à l’Occident présageaient un violent orage.