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LE PÈRE JÉRÔME

s’émouvoir, si tu veux absolument te battre avec moi accorde-moi au moins la faveur de me retirer à l’écart un instant. » Le jeune écervelé, interdit de cette demande, le laissa faire, et à sa grande surprise, comme à la surprise de tous ceux qui étaient présents, il vit le père Jérôme se retirer dans un coin reculé du camp, s’y mettre à genoux pour prier. La prière finie, le père Jérôme s’en vint tranquillement, selon son habitude, prendre un tison pour allumer sa pipe et tirer quelques touches avant de se coucher. Le jeune matador l’attendait toujours plus furieux que jamais, car sa colère avait été surchauffée par les gouailleries que les autres bûcherons s’étaient plu à lui lancer en constatant le peu de cas que le père Jérôme avait fait de sa personne. Sa pipe allumée, le père s’avance vers le jeune homme, comme si de rien n’était. En le voyant revenir le jeune homme s’élance sur lui. Le père Léveillé le regardant tranquillement lui dit : « Comment ! tu n’es pas encore déchoqué ! Il va donc falloir t’appliquer le bon remède ? » Et empoignant le jeune écervelé, il lui donne une correction à l’ancienne mode du maître d’école à son élève en défaut. Les autres bûcherons en riaient aux larmes.