Blanchard qui était depuis plusieurs jours retenu à la maison par une attaque de rhumatisme inflammatoire, ce qui le faisait beaucoup souffrir. Nous nous disposions à frapper à la porte lorsque nous fûmes arrêtés par le bruit d’une chaude discussion qui paraissait engagée à l’intérieur. En effet, après avoir reçu l’invitation d’entrer nous comprîmes de suite la cause du débat et pourquoi l’ami Jules s’efforçait de calmer l’humeur outrée de son épouse. Elle arrivait de l’hôtel-de-ville en fort mauvaise humeur, maugréant contre tous les employés du bureau des écoles, et des démarches infructueuses qu’ils lui avaient occasionnées.
Depuis quinze jours en effet, elle cherchait vainement à obtenir pour l’un de ses garçons le certificat de travail exigé par la loi. À chaque visite faite au bureau des commissaires, surgissaient de nouvelles difficultés.
La femme de Jules était cependant la douceur et la bonté même. Mais ce jour-là n’écoutant nullement les paroles de conciliation que lui exprimait son époux, elle se tourna vers nous et nous débita sans perdre haleine le discours suivant : « Vous me trouvez dans un moment de mauvaise humeur, je l’avoue, mais n’y a-t-il pas de quoi impatienter tous les saints du