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LE VIEUX SOLDAT

sincères ; les bords enchanteurs du fleuve St-Laurent où il avait passé sa jeunesse ; le son de l’angelus du clocher de sa paroisse natale ; tout cela lui était revenu à la mémoire.

« Ah ! s’écria-t-il, c’est bien beau, bien consolant, sans doute, l’estime et la considération dont j’ai été l’objet, cet après-midi, mais, voyez-vous, pour compléter mon bonheur, il faudrait absolument qu’un Canadien charitable se chargeât de me conduire à cette messe de Noël, la première et peut-être aussi la dernière, hélas ! qu’il me sera donné d’entendre depuis mon départ du Canada. »

Répondant aussitôt à ce désir exprimé avec tant d’ardeur, nous recommandâmes au vieillard de se tenir prêt, le lendemain, de grand matin, que nous ferions tout en notre pouvoir pour exaucer ses vœux ardents.

Un bonheur immense inonda le cœur de ce vieux brave, à la pensée, à la promesse que nous nous occuperions de le mener au village voisin, afin qu’il pût, encore une fois, éprouver les douces et pures émotions ressenties dans son jeune âge.

Le lendemain, à cinq heures du matin nous arrivions chez le vieux Canadien qui nous attendait en savourant le plaisir d’un renou-