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Page:Lambert - Rencontres et entretiens, 1918.djvu/86

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RENCONTRES ET ENTRETIENS

— Je serais bien en peine de vous le dire, répondit-il, mais j’ai très souvent entendu répéter ce dicton par les américains ; peut-être fait-il allusion aux quarante jours d’incertitude dans laquelle s’était trouvé le général Washington, avant le grand et final triomphe de la cause de l’indépendance américaine.

Quoi qu’il en soit, je constatai, que si le vieux Canadien était consu des traditions des américains, il n’avait pas non plus oublié les traditions du Canada et qu’il avait suffi d’une simple occasion pour les rendre vivaces comme aux premiers jours.

Mon frère partit avec sa famille pour le Manitoba, à la date spécifiée, et je quittai avec tristesse ce coin de terre, en songeant au départ d’un frère qui s’en allait bien loin, là-bas, et que, très probablement, je ne reverrais plus en ce monde.

De temps à autre aussi ma pensée revenait au vieux Canadien avec qui j’avais passé quelques heures agréablement employées. Le vieux brave a-t-il jamais mis à exécution son projet d’aller au Canada ? Je ne sais ; mais à chaque retour de la Noël, je songe tout particulièrement et avec une douce émotion à la Noël d’antan que je passai si délicieusement