Page:Lambert - oeuvres completes.djvu/360

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part des hommes ne sont pas assez élevés pour être outragés de la fortune, une sage retraite fait en leur faveur le même effet que la disgrace. On demande, quand doit-elle se faire ? Car il n’y a point d’action dans la vie, où il n’y ait un à-propos. Est-ce après quelque action brillante, pour mettre notre gloire en sûreté, et conserver la place qu’elle nous a donnée dans l’idée des hommes ? Mais pourquoi donner à la retraite le temps destiné à jouir ? Celui de la vieillesse lui est propre ; tous les goûts sont usés : il n’y a plus qu’à perdre à se montrer, et à faire voir sa décadence. On ne se transportera point à ce que vous avez été, c’est un travail : les hommes ne vous l’accorderont point, et l’on s’arrêtera au moment présent. Mais est-il sage de tant consulter les hommes ? Faut-il être toujours dans leur dépendance ? N’aurons-nous jamais le courage de nous rendre heureux selon nos goûts, s’ils sont innocens ? Faut-il toujours vivre d’opinion, et doit-elle nous servir de règle pour la conduite de notre vie ? Enfin, rien de si difficile que de bien entrer dans le monde, et d’en bien sortir.