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port, comme il arrive à présent par suite de causes qu’il serait au pouvoir du gouvernement de faire disparaître, il est impossible qu’il n’y ait pas un grand nombre d’individus qui désirent ardemment de voir s’opérer des changements politiques. Il y a des lois qui règlent ou plutôt empêchent l’importation d’articles particuliers d’autres ports que ceux d’Angleterre, notamment l’impôt sur le thé, lois faites originairement pour protéger les privilèges du monopole et qui sont restées en force dans la province même après l’abolition du monopole britannique. Ce n’est pas que ces lois aient aucun effet appréciable en augmentant le prix de ces articles, tout le thé que l’on emploie étant presque tout de contrebande. Mais l’opération de ces lois est injurieuse au commerçant honnête, qui ne peut entrer en compétition avec des personnes qui ont obtenu leurs marchandises à un beaucoup moindre prix sur le marché des É. U., et elle est aussi désavantageuse au pays, qui ne peut ni régler ce trafic, ni en faire une source de revenu. Il est probable que ce n’est que par oubli que l’on a laissé exister cette loi, et si cela est le cas, ce n’est par une preuve bien satisfaisante du soin du Gouvernement Impérial, qui connaît si peu l’influence oppressive des lois auxquelles ses sujets sont soumis.

J’ai déjà fait allusion en parlant du Bas-Canada, aux difficultés et aux querelles qui sont occasionnées par les relations financières des deux Provinces. L’état des affaires, cependant, qui ont causé ces disputes, est d’un préjudice, pratique beaucoup plus considérable pour le Haut-Canada. Cette Province conçut, il y a quelques années, le noble projet de surmonter les empêchements naturels à la navigation du St. Laurent ; et le plan était d’exécuter ces travaux sur une échelle tellement proportionnée à cette rivière large et profonde, que les vaisseaux venant de la mer, auraient pu se rendre jusqu’au Lac Huron. Ce plan était peut-être trop étendu, au moins pour le premier effort d’un pays aussi petit et aussi pauvre, mais la hardiesse avec laquelle cette entreprise fut commencée, et les sacrifices immenses qui furent faits, pour l’exécuter, sont des preuves satisfaisantes de l’esprit d’entreprise qui existe et qui permet d’espérer que le Haut Canada deviendra un pays aussi prospère qu’aucun des États de l’Union Américaine. La Chambre d’Assemblée, ayant cet objet en vue, pris une forte proportion des actions dans le Canal de Welland, qui avait été commencé par quelques individus entreprenants. Elle commença alors le Grand Canal appelé le Canal de Cornwall afin d’éviter aux vaisseaux tirant beaucoup d’eau, les rapides du Long Sault. Les travaux furent presque complétés, mais avec des dépenses considérables