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plus intéressées à leurs succès, et qu’elles n’étaient pas demandées avec plus d’insistance par les artisans et les ouvriers de cette race dont les intérêts individuels n’auraient guère tiré beaucoup d’avantage direct de leur succès, je ne puis que penser que plusieurs et des adversaires et des partisans, s’embarrassaient moins des mesures elles-mêmes, que de l’instrument que leur agitation donnait à leur hostilité nationale ; que l’assemblée résista à ces changements principalement parce que les Anglais les désiraient ; et que l’ardeur avec laquelle plusieurs des Anglais les demandaient était stimulée par l’opposition qu’elles rencontraient chez les Français.

Je ne trouvai pas non plus l’esprit qui animait chaque parti du tout plus en harmonie avec les représentations courantes en ce pays que leurs objets ne le paraissaient, jugées d’après les idées anglaises, ou plutôt européennes de législation réformative. Une population entièrement inéduquée et singulièrement inerte, prêtant une obéissance implicite à des chefs qui la gouvernent par l’influence d’une confiance aveugle et d’étroits préjugés nationaux, cela s’accordait très peu avec la ressemblance qu’on avait découverte avec cette vigoureuse démocratie qui fit la révolution américaine. Encore moins pus-je découvrir dans la population anglaise ces serviles instruments d’une petite clique officielle, ou de quelques marchands fiers de leur bourse, selon que leurs adversaires les avaient dépeints. J’ai trouvé que la masse de la population anglaise, consistant de robustes fermiers et d’humbles artisans, composait une démocratie très indépendante, pas très maniable, et quelques fois un peu turbulente. Quoiqu’ils professent constamment une loyauté un peu extravagante et des doctrines de haute prérogative, je les ai trouvés très déterminés à maintenir dans leurs propres personnes un grand respect pour les droits populaires, et singulièrement disposés à presser l’accomplissement de leurs désirs par les moyens les plus forts de pression constitutionnelle sur le gouvernement. Je trouvai que la plus forte hostilité régnait entre eux et les Canadiens ; et cette hostilité, comme on pouvait s’y attendre, très fortement développée parmi les plus humbles et les plus grossiers du corps. Entre eux et le petit nœud d’officiels, dont l’influence a été représentée comme si formidable, je ne trouvai aucune sympathie quelconque ; et il faut dire en justice pour ce corps d’officiers, qu’on a tant assaillis comme les ennemis du peuple canadien, que, quoique je ne puisse guère excuser l’influence injurieuse du système d’administration, qu’ils étaient appelés à mettre exécution, les membres des plus anciennes et des puissantes familles furent, de tous les Anglais du pays, ceux chez qui je trouvai généralement plus de sym-