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l’attachement patient et fervent que les sujets Anglais de votre majesté dans toutes ces provinces portant encore à leur allégéance et à la mère-patrie, laisse encore la possibilité de la réforme. Une réflexion calme et une loyale confiance ont conservé ces sentiments intacts, même au milieu de la croyance funeste et générale que les propriétés de chaque personne ont moins de valeur que du côté opposé. Il est temps de récompenser cette noble confiance en faisant voir qu’on n’a pas espéré en vain qu’il y avait dans les institutions britanniques un pouvoir pour rectifier les maux existants, et a les remplacer par un bien-être qu’aucune autre domination ne saurait donner. Ce n’est pas dans les terreurs de la loi ni dans la puissance de nos armées qu’il faut chercher un lien de connexion sûr et honorable. Il existe dans l’opération bienfaisante des institutions britanniques qui unissent le plus grand développement de liberté et de civilisation avec l’autorité stable d’une monarchie héréditaire, et qui, bien organisées et bien administrées dans les colonies, comme elles le sont dans la Grande-Bretagne, feraient du changement d’institutions un mal additionnel à ajouter à la perte de la protection et du commerce de l’empire britannique.

Mais tout en comptant ainsi avec confiance sur la possibilité de conserver permanemment et avantageusement notre connexion avec ces importantes colonies, je ne dois pas déguiser le mal et le danger de les tenir dans leur état actuel de souffrance. Je regarde les chances d’une rébellion heureuse comme le moindre danger que l’on ait à craindre. Je ne doute pas que le gouvernement britannique, s’il veut retenir ces dépendances à tout prix, puisse accomplir cet objet. Je crois qu’il a les moyens de mettre une partie de la population contre l’autre, et de garnisonner les Canadas de troupes régulières suffisantes pour tenir en respect tous les ennemis intérieurs. Mais cela même ne pourra se faire sans de grands frais et hasards. L’expérience des deux dernières années ne fournit qu’un échantillon des dépenses auxquelles un pareil système de gouvernement entraînerait. Au calcul le plus bas, l’addition de 1,000,000 par année à nos dépenses coloniales annuelles nous suffirait à peine pour atteindre cette fin. À moins d’un changement dans notre système de gouvernement, le mécontentement qui existe, se répandra et avancera. À mesure que s’accroîtront les frais du maintien de ces colonies, leur valeur décroîtra rapidement ; et si la nation britannique se contente de retenir, par de tels moyens, une souveraineté stérile et désavantageuse, elle ne fera qu’offrir un appât aux chances de l’agression étrangère, en tenant continuellement exposée à un voisin puissant et ambitieux une dépendance éloignée, dans laquelle un envahisseur ne rencontrerait pas de résistance, mais où il pourrait plutôt compter sur la coopération active d’une partie de la population fixe.

Je suis loin de présenter ce risque d’une manière à irriter le juste orgueil qui reculerait devant la pensée de céder aux menaces d’une nation rivale. Parce que, quelque importance que je donne aux rapports étrangers de cette question, je ne crois pas qu’il y ait maintenant aucun danger très prochain d’une collision avec les États-Unis, en conséquence du désir de cette puissance de prendre avantage de l’état agité des Ca-