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moins marquée en apparence, je n’ai aucun doute que cela fut plus que compensé par la similitude de langage et de manières qui mit les rebelles de la province supérieur eu état de présenter leur cause plus facilement et avec plus de force à ceux dont ils cherchaient l’assistance et la sympathie. Les incidents de toute lutte dans laquelle une grande portion d’un peuple se trouve engagée contre son gouvernement, exciteront toujours, dans un temps ou dans un autre, quelque sympathie pour ceux qui, à l’observation superficielle d’une nation étrangère ne paraissent que des martyrs à la cause populaire, et les victimes d’un gouvernement conduit sur des principes différents du sien ; et je n’ai aucun doute que si la lutta est renouvelée, la sympathie du dehors reprendra sa première force dans un temps ou dans un autre.

Car il faut se rappeler que les liens naturels de sympathie entre la population Anglaise des Canadas et les habitants des États limitrophes de l’Union sont naturellement forts. Non seulement ils parlent la même langue, vivent sous les mêmes lois, ont la même origine, et conservent les mêmes coutumes et usages, mais il y a une alternation positive, si je puis m’exprimer ainsi, des populations des deux pays. Tandis que de grandes étendues du territoire Britannique sont peuplées par des citoyens Américains, qui entretiennent des relations constantes avec leurs parents amis, les états voisins sont remplis d’émigrés de la Grande-Bretagne, dont quelques-uns ont laissé le Canada, après de vains efforts pour retirer de leurs capitaux et de leur travail un profit suffisant, et dont un grand nombre se sont établis aux États-Unis, tandis que d’autres membres de leurs familles, et les compagnons de leur jeunesse, se sont fixés de l’autre côté de la frontière. Je n’ai eu aucun moyen de m’assurer de l’exact degré de vérité de certains avancés que j’ai entendu faire sur le nombre d’Irlandais établis dans l’état de New-York ; mais on dit communément qu’il n’y a pas moins de 40 000 Irlandais dans la milice de l’état de New-York. Les relations entre ces deux divisions de ce qui est, de fait, une population identique, sont constantes et universelles. Les townships de la frontière du Bas-Canada ne sont séparés des État-Unis que par une ligne imaginaire ; une grande partie de la frontière du Haut-Canada par des rivières qu’on traverse en dix minutes ; et le reste par des lacs, qui mettent à peine six heures de passage entre les habitants de chaque côté. Les affaires journalières de chacun le mettent en contact avec ses voisins de l’autre côté de la ligne ; un pays supplée aux besoins quotidiens de l’autre avec ses produits ; et la population de chacun dépend jusqu’à un certain point de l’état du commerce et des demandes de l’autre. De tels besoins communs enfantent un intérêt dans la politique de chaque pays parmi les citoyens de l’autre. Les journaux circulent en quelques endroits presque également des deux côtés de la ligne, et les gens découvrent que leur bien-être est fréquemment aussi lié avec l’état politique de leurs voisins qu’avec celui de leurs propres compatriotes.

Le danger d’aucun mal sérieux à résulter de cette cause me paraît moindre maintenant que précédemment. Les événements de l’année dernière, et la circulation d’informations plus exactes sur les vraies