Page:Lambton - Rapport de Lord Durham.djvu/42

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française et reconnut et raffermit le caractère national. Si la politique plus sage, de rendre la province anglaise, dans toutes ses institutions, eut été adoptée dès le commencement, et si on y eût persévéré, les Français auraient été en peu de temps surpassés en nombre et l’heureuse opération des institutions libres de l’Angleterre n’aurait jamais été an arrêtée par des animosités d’origine.

Le gouvernement adopta non seulement la marche peu sage de diviser le Canada, et de réunir dans une partie une population française, parlant la langue française, avec des institutions françaises, mais il ne persévéra pas même d’une manière consistante dans ce plan, car dans le même temps il fut pris des moyens pour encourager l’émigration d’Angleterre dans la province même que l’on disait avoir assigné aux Français. Les institutions françaises ne furent pas même données à tout le Bas-Canada. La loi civile de France, (comme un tout), et les revenus légaux du clergé catholique, furent limités à cette portion du pays alors habitée par les Français et comprise dans les seigneuries ; quoiqu’il fût pris des mesures pour la formation de nouvelles seigneuries, presque toute la partie inhabitée de la province fut formée en Townships, dans lesquels les lois anglaises furent en partie introduites et la religion protestante seule dotée.

Ainsi deux populations d’origine hostile et de caractère opposés furent mises en juxtaposition l’une avec l’autre sous un même gouvernement, mais avec différentes institutions ; on apprit à chacune d’elle à chérir ses lois, sa langue et ses usages ; et en même temps, s’il arrivait à aucune d’elle de sortir de ses limites, elles étaient soumises à des institutions différentes et associées avec une population étrangère. Le caractère peu entreprenant de la population française et par dessus tout, son attachement à sa religion, (pour l’extension de laquelle en proportion de l’augmentation de la population catholique, on accorda des revenus peu proportionnés) ont eu l’effet de les retenir dans leurs anciennes limites. Mais les Anglais furent attirés dans les seigneuries, et principalement dans les villes, par les facilités que les grandes rivières offrent au commerce. Pour maintenir des institutions françaises, et une population française en Canada avec quelques chances de succès, on aurait dû n’y permettre aucunes institutions, et n’accorder aucun encouragement à d’autres races pour s’y établir. La province aurait dû être réservée pour être entièrement française, si elle ne devait pas être rendue entièrement anglaise. L’essai d’encourager l’émigration anglaise parmi une population, dont le caractère français devait être conservé, fut une erreur qui a semé les germes d’une contestation de