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de pour les travaux locaux. Ce fonds est voté par l’assemblée sur motion de ses membres ; les législatures coloniales se réglant sur la pratique de la chambre Britannique des communes n’ayant jamais adopté la nécessité d’obtenir le consentement préalables de la couronne aux votes d’argent. C’est un parfait attrape-qui-peut parmi les membres de tout le corps, pour obtenir autant que possibles de ce fond pour leurs constituants respectifs ; il se forme des cabales, par lesquelles les différents membres jouent mutuellement dans le jeu les uns des antres ; on fait agir la politique générale sur les affaires privées, et les affaires privées sur la politique générale ; et à la clôture du parlement, le membre qui a réussi à s’assurer de la plus forte part du prix pour ses constituants, rend un compte facile de sa gestion avec la pleine assurance de sa réélection.

Les assemblées provinciales étant, comme je l’ai déjà dit, dans un état de collision permanente avec le gouvernement, n’ont jamais été dans l’habitude de confier à l’exécutif aucun contrôle sur ces fonds ; et ils ont été entièrement employés par des commissaires nommés par la législature. Les assemblées ne paraissent pas avoir tout-à-fait manqué de sentir la possibilité de faire tourner ce patronage à leur propre profit. Un placard d’élection qui fut répandu par les amis du gouvernement lors de la dernière dissolution dans le Haut-Canada, se présenta, sous un jour très celles des officiers du gouvernement exécutif ; mais la province frappant, les dépenses des commissaires de l’assemblée, contrastent avec de la Nouvelle-Écosse a poussé cet abus à un degré qui paraît presque inconcevable. D’après un rapport que me présenta le Major Head, Commissaire d’enquête adjoint que j’envoyai dans cette colonie, une somme de £10 000 fut appropriée, pendant la dernière session, aux améliorations locales ; cette somme fut divisée en 830 portions et il fut nommé autant de commissaires pour la dépenser, en donnant, terme moyen, un commissaire pour un peu plus de £12, avec un salaire de 5s. par jour, et une rémunération ultérieure de deux et demi pour cent sur l’argent dépensé, à déduire de chaque part.

Les chefs de la chambre d’assemblée du Bas-Canada ne profilèrent pas seulement du patronage qu’ils avaient par le surplus considérable de revenu provincial, mais ils tournèrent ce système à un beaucoup meilleur profit, en s’en servant pour obtenir de l’influence sur leurs constituants. Dans une lutte politique furieuse, telle que celle qui régnait dans le Bas-Canada, il était naturel qu’un corps possédant, sans presque aucune responsabilité, ce pouvoir direct de promouvoir les intérêts immédiats de chaque section électorale, montrât un peu dé faveur à celles qui concouraient dans ses vues politiques, et marquât son déplaisir envers celles qui résistaient obstinément à la majorité. Mais la majorité de l’assemblée du Bas-Canada est acculée par ses adversaires d’avoir, de la manière la plus systématique et la plus persévérante, employé ce moyen de corrompre les corps électoraux. Les adhérents de M. Papineau ont, dit on, été prodigues de promesses sur les avantage : qu’ils pouvaient obtenir de l’assemblée pour les comtés dont ils sollici-