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possède les matériaux particuliers dont dépend l’excellence de ces mêmes institutions dans la mère-patrie. La magistrature répandue dans tout le Bas-Canada est nommée par le Gouverneur sans les informations locales requises, n’y ayant pas ici de lieutenants de comté ou autres officiers semblables comme dans le Haut Canada. Les qualifications foncières requises pour être Magistrats sont si basses, que dans les campagnes tout le monde les possède ; et elles n’ont seulement l’effet que d’exclure quelques-unes des personnes les plus respectables des villes. Dans les campagnes, les Magistrats n’ont point de greffiers. Cette institution est devenue impopulaire parmi les Canadiens, à cause de la croyance générale que les nominations ont été faites d’après des intérêts nationaux et de parti. On ne peut nier que plusieurs des plus respectables d’entre les Canadiens sont restés hors des commissions de paix, sans motifs raisonnables ; et il est plus vrai encore que des personnes des plus méprisables, de l’une et de l’autre race, s’y sont introduites et continuent à abuser de leur pouvoir. Chaque parti a même reproché à la magistrature des traits d’indiscrétion, d’ignorance, d’esprit de parti et de vénalité. Que ces représentations soient exagérées ou non, qu’elles s’appliquent à un grand nombre de magistrats ou non, il n’en est pas moins vrai qu’il n’existe point de confiance dans l’opération habituelle de cette institution ; et c’est pourquoi je suis d’opinion, que tant que cet état de choses durera et principalement durant l’exaspération actuelle des partis, une Magistrature peu nombreuse, mais rétribuée, serait convenable pour le Haut et le Bas-Canada.

La police de la Province à toujours été malheureusement très défectueuse Il y a peu de cités, qui, à cause du caractère vicieux et indiscipliné d’une grande partie de sa population, ont plus besoin d’une police active que Québec. Jusqu’en Mai 1836, la police de la cité était réglée par un acte qui est alors expiré et n’a pas été renouvelé. Cette police consistait en 48 hommes du guet, dont la moitié était de service chaque nuit pour toute la ville. La police du jour consistait en six connétables, qui n’étaient sous aucun contrôle. À l’expiration de cet acte, n’y ayant plus de guet, et des meurtres ayant été commis dans les rues, les citoyens de la Haute Ville formèrent une patrouille volontaire. Lord Gosford nomma en Décembre 1837, M. Young inspecteur de police, avec huit hommes sous ses ordres ; il eut aussi sous son commandement un sergent et huit hommes de la compagnie des matelots volontaires : un autre magistrat eût un caporal et huit autres hommes de la même compagnie, pour faire la police de la basse-ville. M’apercevant que cette force était insuffisante, recevant chaque jour des plaintes, et voyant tous les jours des scènes de désordre et de négligence, et sollicité surtout par les propriétaires de vaisseaux qui ne