Page:Lamennais - Esquisse d’une philosophie, tome 3.djvu/91

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90 II e PARTIE. — DE L'HOMME. l'œuvre de Dieu , manquerait de cette même raison spécifique, interne, essentielle d'être ; et cela encore par une exception unique dans l'Univers ! On doit donc tenir pour certain , même quand le comment nous échapperait, que l'homme a vécu originairement et s'est développé sous l'empire ex- clusif de ses lois naturelles et des lois générales de la Création ; que les premiers produits , les pre- mières manifestations de son activité ont eu en lui, dans sa nature, leur raison, leur cause effective, et que la série de ses progrès vient se rattacher sans interruption à un point initial qui est cette même nature. il en est ainsi pour tous les êtres, à quelque ordre qu'ils appartiennent. Est-il un phénomène du règne inorganique qui n'ait sa raison dans les puissances inhérentes aux corps et dans leurs lois naturelles? Est-il un seul corps qui ne subsiste et ne croisse en vertu de sa nature et de l'action spécifique qu'il exerce sur les autres corps? Cette action spécifique qui n'est que l'efficace de sa forme essentielle ou de sa nature , c'est-à-dire , de ce qui le détermine , de ce qui le constitue distinctement ce qu'il est , la science l'appelle affinité ; et certes on ne dira pas que pour que l'affinité propre d'un corps ait pu s'exercer, pour qu'il ait pu agir , se manifester selon son es- sence, il a fallu que Dieu d'abord intervint surnatu-