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BOLIVIE

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plaine orientale est couverte de bois le long des cours d’eau ; ailleurs elle se compose de savanes immenses, telles que les llanos de Apolobamba, des Moxos, des Guarayos, des Cbiquitos où paît le bétail des tribus indiennes. Le cacaoyer, la canne à sucre et le manioc se plaisent dans cette région basse et chaude. Au N. de cette région est la Caupolican, contrée fertile. A l’E. sont de vastes déserts sans eau ; au S., le Gran Chaco (V. Chaco) ; en beaucoup de lieux abondent les cactus, des palmiers de petite taille, des arbrisseaux épineux. Les savanes et les forêts nourrissent des tapirs, des daims, des autruches. Les Productions végétales et animales. — Le maïs et la pomme de terre sont les aliments ordinaires de la population bolivienne. Ils constiluent avec le froment les principales récoltes. Si l’on ajoute le quinoa, dont la graine sert à faire une sorte de bouillie, la banane et quelques autres fruits, la coca dont on consomme une grande quantité, le café qui est de très bonne qualité dans ies yungas proprement dits, un peu de cacao qui pousse dans les vallons les plus chauds et dans les plaines inondées des Moxos, un peu de coton et de sucre, surtout dans les environs de Santa-Ouz, du tabac renommé chez les Moxos et les Chiquitos, du seigle, de l’orge, du manioc, des ananas, du riz, de l’indigo, de la vanille, du maté, des patates dites « camotes », le vin de la province de Tarija, on a la liste à peu près complète des produits de l’agriculture bolivienne. 11 n’y a que très peu de terres en culture ; elles se trouvent surtout dans les Yungas où elles appartiennent à un très petit nombre de grands propriétaires (5,033 d’après Dalence) et dans laPuna où elles sont surtout des biens communaux cultivés par les Indiens. Les forêts occupent de très vastes étendues dans la région orientale. On y trouve le caoutchouc, diverses résines, le quinquina qui pousse surtout dans les Yungas et dans le Caupolican et dont la Bolivie avait presque le monopole avant la découverte des quinquinas de Colombie. Le commerce du quinquina a beaucoup perdu en Bolivie, quoiqu’on ait entrepris, avec quelque succès, de le cultiver dans des fermes des Yungas situées entre 400 et 2,000 m. d’alt. Le bétail est négligé. On élève cependant des moutons, surtout dans les provinces de La Paz, de Potosi et de Chuquisaca ; des chèvres, surtout dans les provinces de Chuquisaca et de Potosi ; des bœufs, surtout au pied des Andes et dans la plaine orientale, des porcs, des lamas. Les chevaux, les ânes et les mulets sont rares ; c’est dans la plaine orientale qu’on en voit le plus. On chasse Yalpaca et la vigogne dans la Puna ; le jaguar, le singe, etc., dans les Yungas ; le tapir dans la plaine orientale. Les Mines. — Le Haut-Pérou a été mieux partagé encore que le Pérou en métaux précieux. Pizarre parait avoir fait entreprendre dès 1539 l’exploitation des mines d’argent de Charcas. En 1545, un Indien, Diego Gualeca, poursuivant dans la montagne dite Hatoun Pototchi un lama qui s’était échappé, découvrit, dit la légende, dans un massif composé presque entièrement de quartzites et veiné de trachyte, de riches filons argentifères qui affleuraient. Il fit part de sa découverte à son maître. Une foule d’exploitants afflua bientôt : en 1580, on comptait dans la ville nouvelle de Potosi 160,000 bab., y compris les Indiens soumis à la corvée, dite mita. La production des mines du Potosi a été en moyenne, par an, de 50,000,000 de francs pendant la période la plus productive, celle des vingt dernières années du xvi e siècle ; elle a dépassé en tout 8 milliards de francs, de 1545 à 1880. La production totale de l’argent en Bolivie a suivi à peu près la marche suivante

1545-1600

Tali-ur présumée

de l.i produ

et., annô* nuneoD

 mil] 

ons de fr.

1601-1700

31

1701-1800

15

1801-1870

16

1871-1875

50

1882

valeur de 1’

ex port.

déclarée . . .

80 ?

1885

84*/.

La production a été en diminuant de 1600 à 1870. Si elle a augmenté de 1870 à 1875, c’est surtout grâce aux mines du désert d’Atacama (Caracoles, environs d’Antofagasta, etc.). Les chiffres de l’exportation (1882 et 1885) ne correspondent pas nécessairement à ceux de la production. Les mines d’argent sont situées principalement dans la Cordillère centrale, à une altitude de plus de 4,000 m., dans le voisinage du lac Titicaca et de La Paz, à Sicasica, à Oruro, au Potosi, à Porco où l’exploitation date des Incas, et dans la Puna située à l’O. du lac de Pampa Aullagas. — La Bolivie produit aussi de l’or. On l’extrait des minerais d’argent, des quartz siluriens de la Cordillère centrale, des lavages de terres d’alluvion, comme dans les environs de La Paz et dans la province de Larejaca (vallées du Tipuani, de Challaira, etc.), des collines de San-Javier et du pays des Moxos. — Le cuivre est exploité depuis 1832 dans les importantes mines de Corocoro et dans celles de Chacarilla. Le minerai, broyé et lavé, est exporté en poudre contenant 60 à 70 °/ de métal. On pouvait évaluer, il y a une dizaine d’années, à 3 millions de kilog. la quantité de métal pur livré ainsi au commerce.

— Le Potosi et Oruro fournissent une petite quantité de zinc. — La Cordillère et la Puna renferment des pierres précieuses, topazes et émeraudes de Lipez, améthystes de Candelaria, etc., qui sont peu exploitées. — Le pétrole du Caupolican ne l’est pas davantage. Industrie. — L’industrie est très rudimentaire en Bolivie. Cependant on tisse la laine et le coton ; on fabrique du tafia et de la cassonade ; on tresse des chapeaux do paille et on fabrique des feutres pour la consommation locale.

Les Voies de communication. — La guerre avec le Chili a privé la Bolivie de son unique port, Cobija. Mais le commerce maritime se fait plutôt par le port d’Arica qu’occupe le Chili et qui est relié à Tacna par un chemin de fer ; de Tacna, les bêtes de somme traversent IaCordillèie par le col de Tacora et entrent en Bolivie. Mais, depuis que le Chili est maître d’Arica et retient les droits de la douane bolivienne pour se payer à lui-même l’indemnité due par la Bolivie, le commerce bolivien préfère prendre la mer à Buenos-Aires, que l’on gagnait naguère par le Paraguay et dont les chemins de fer argentins, poussés usqu’au pied de la Cordillère, facilitent aujourd’hui l’accès ; par le Paraguay, la tonne coûtait 130 fr. de transport de Buenos-Aires à Corumba (sur le Paraguay), et 1,875 fr. deCoiuiiiha à Sucre. A l’E., les voies navigables du vaste bassin du Mamoré ne sont utilisées que par des pirogues indiennes, de même que le Pilcoraayo. Cependant, il existe une compagnie nationale de navigation sur l’Amazone et ses tributaires. La Bolivie possède quelques routes à peu près entretenues et munies de tambos pour abriter les voyageurs, telles que la route de La Paz aux Yungas et celle de La Paz à Cochabamba. Les autres sont des sentiers de lamas impraticables dans la saison des pluies. La Bolivie n’a pas de chemin de fer. Elle a une ligne télégraphique (290 kil.) partant de Chiligaga sur le lac Titicaca, en communication avec la ligne télégraphique de la côte du Pacifique, et aboutissant à La Paz et à Oruro, et une autre qui relie Potosi et Sucre aux chemins de fer argentins. L’unité monétaire de la Bolivie est le boliviano, valant 5 fr. On se sert des mêmes poids et mesures qu’à Buenos-Aires.

Commerce extérieur. — Le commerce extérieur, dont on connaît mal la valeur, parait avoir augmenté sensiblement de 1855, où il était évalué à 25,000,000 de francs, jusqu’en 1873, où il l’était à 40,000,000. La guerre l’a fait tomber à 6,000,000 en 1879. Il s’est relevé et il parait avoir atteint 84,000,000 en 1881-85. L’exportation consistait pour les deux tiers en argent et autres métaux, étain, cuivre, or, etc. ; les autres articles étaient le quinquina, le caoutchouc, la laine, le coton, le café, le cacao, le coca. Les conquêtes du Chili ont enlevé à la Bolivie deux articles importants, le salpêtre et le guano. L’impor-