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BORDURE — BORE

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s’il est constant, peut être opposé à l’action de l’arrachement. •’• Dybowski.

BORE. I. Chimie.- Formules) jjj-» *=}} ; Le bore a été isolé presque simultanément en France par Gay-Lussac et Thénard, et en Angleterre par Davy en 4X09, deux ans après la découverte des métaux alcalins. En 4824, Berzélius a décrit un nouveau mode de préparation ; en 4857, II. Sainte-Claire Deville et VVôhler ont fait connaître le bore adamantin. Plus récemment, de nouvelles études ont été faites par Hampe et par Joly.

Bore amorphe. — Il a été obtenu à l’origine par Gay-Lussac et Thénard en chauffant dans un tube de cuivre ou de fer des couches alternatives de potassium et d’acide borique fondu, finement pulvérisé. La réaction s’opère un peu au-dessous du rouge. La masse vert noirâtre, mélangée de bore et de borate de potassium, est traitée par l’eau, qui dissout le sel et laisse le bore comme résidu. Berzélius indique ensuite la réduction par le potassium du fluoborate de potassium. Dans le procédé de Deville et Wohler, le seul suivi actuellement, on projette dans un creuset de fer, porté au rouge, un mélange pulvérulent d’acide borique anhydre et de sodium coupé en fragments, savoir : Acide borique anhydre. . . 40 parties

Sodium coupé 6 —

on recouvre le tout de 4 a 5 parties de chlorure de sodium fondu, on lute le creuset avec un couvercle de fer et on le chauffe graduellement. Lorsque tout le sodium a disparu, on coule la masse liquide dans de l’eau fortement acidulée avec de l’acide chlorhydrique ; on lave à plusieurs reprises le résidu avec de l’eau bouillante, additionnée d’acide chlorhydrique ; on sèche le bore sur des briques, à la température ordinaire. Le bore amorphe est une poudre d’un brun foncé, tirant sur le brun, mauvais conducteur de la chaleur, ayant pour chaleur spécifique 0,255 (E. Kopp). Il est insoluble dans les dissolvants ordinaires, eau, alcool, éther, etc. Il brûle dans l’air et dans l’oxygène, avec dégagement de lumière et de chaleur ; il prend feu au rouge dans la vapeur d’eau, avec dégagement d’hydrogène et formation d’acide borique. Dans la vapeur de soufre, au rouge, il brûle avec une flamme rouge et production d’un sulfure de bore amorphe. 11 prend feu dans un courant de chlore et fournit dans la vapeur de brome un bromure ayant pour formule BoBr 3 . Il jouit de la curieuse propriété de se combiner à chaud avec l’azote libre, en dégageant de la lumière et de la chaleur, pour engendrer un azoture de bore, BoAz ; aussi décompose-t-il aisément l’ammoniaque lorsqu’on le chauffe dans ce gaz, de l’hydrogène étant mis en liberté. Chauffé dans un courant de bioxyde d’azote, il prend feu, d’où résulte un mélange d’acide borique et d’azoture de bore :

5Bo + 3Az0 2 = 2Bo0 3 ■+- 3BoAz.

Il est attaqué par l’acide azotique, l’eau régale, l’acide sulfurique concentré, avec formation d’acide borique ; il réduit l’acide phosphorique, en mettant du phosphore en liberté ; chauffé dans un courant de gaz chlorhydrique, il donne de l’hydrogène et du chlorure de bore, mais seulement à une température élevée. Mélangé avec du nitre, il détone violemment au rouge sombre ; fondu avec de la potasse caustique, il engendre un borate et on observe un dégagement d’hydrogène :

3KH0 2 + Bo = 3BoKO* + 3H.

Le bore est un réducteur extrêmement énergique : chauffé avec du carbonate sec de potassium ou de sodium, il enlève l’oxygène en mettant du carbone à nu : 3C 2 K0 6 + 2Bo 2 = 3C 2 + 2 (3KO. 2Bo0 3 ). Il réduit à chaud les chlorures de mercure, de plomb et d’argent ; avec la galène, il y a formation de plomb et de sulfure de bore.

Boue adamantin. — Deville et Wohler ont donné le nom de bore adamantin aux cristaux qu’on obtient en réduisant l’acide borique par l’aluminium, à la température de fusion du nickel. Ces cristaux renferment des quantités variables d’aluminium ou de carbone, qui ne paraissent pas accidentelles, comme on l’a d’abord cru. Pour réparer le bore adamantin de Deville et Wohler, on introduit dans un creuset du charbon de cornue, 400 parties d’acide borique fondu et divisé, avec 80 parties d’aluminium en gros morceaux. Ce creuset, enveloppé de poussier de charbon, est disposé dans un creuset de plombagine qu’on maintient dans un fourneau, pendant 5 à 6 heures, à la température de fusion du nickel. Après le refroidissement, on trouve au fond du creuset, au-dessous d’une couche vitreuse d’acide borique, des morceaux d’aluminium entourés d’une gangue grise sur laquelle brillent des cristaux doués d’un vif éclat. Ces cristaux, qu’on a d’abord considérés comme du bore cristallisé, comprennent au moins trois variétés distinctes : 4° Lamelles douées d’un grand éclat métallique, noires, dures, transparentes lorsqu’elles sont très minces. Cette variété contient 2,4 de carbone pur, 97,6 de bore ; 2° cristaux jaunes de miel ou couleur rouge grenat, qui prennent surtout naissance lorsque la température a été aussi élevée que possible. Ils possèdent un bel éclat adamantin et appartiennent au système du prisme droit à base carrée ; 3° petits cristaux octaédriques, microscopiques, très durs, présentant de grandes analogies avec la variété de diamants que les lapidaires désignent sous le nom de boort.

Le bore adamantin de Deville et Wohler parait appartenir à la deuxième variété. Il possède un vif éclat et une réfringence comparable à celle du diamant ; sa densité est égale à 2,68. Sa dureté est comprise entre celle du corindon et du diamant ; il raie en effet le premier avec la plus grande facilité et peut percer les rubis les plus durs ; on peut se servir d’un petit cristal de bore pour couper le verre. C’est un corps extrêmement stable, car on peut le chauffer à la température de fusion de l’iridium sans l’altérer. Il résiste énergiquement à l’action de l’oxygène ; toutefois, il s’oxyde à la température ou le diamant brûle, en se recouvrant d’une petite couche d’acide borique qui protège le reste de la masse. Dans une atmosphère de chlore, il s’enflamme au rouge en donnant du chlorure de bore gazeux. Les acides purs ou mélangés n’ont pas d’action sensible sur lui ; l’eau régale l’attaque légèrement après un contact prolongé, et l’acide iodhydrique le dissout vers 200° (Ditte). Il n’est pas altéré, même à l’ébullition, par les lessives alcalines, mais la soude fondue le dissout au rouge blanc. Chauffé au chalumeau sur du platine, il détermine la fusion du métal, par suite de la formation d’un borure fusible. Suivant Hampe, les cristaux noirs seraient constitués non par un carbure de bore, mais par un borure d’aluminium, AIBo 6 , tandis que les cristaux jaunes constitueraient un boro-carbure de ce métal. Pour Joly, qui a repris cette étude, les produits de réduction do l’acide borique par l’aluminium sont les suivants : 4° Un borure d’aluminium , AIBo, cristallisant en lamelles hexagonales, jaune d’or, non transparentes, à éclat métallique ; 2° un borure, AIBo 6 , en grands cristaux noirs, lamellaires ; 3° des cristaux quadratiques, contenant du carbone et de l’aluminium, possédant un bel éclat adamantin ; 4° plusieurs borures plus ou moins carbures provenant des produits précédents plus ou moins modifiés à une température élevée, en présence du charbon et de l’acide borique en excès. Le borure d’aluminium, AIBo, est sous forme de lamelles hexagonales, à reflet cuivré métallique. A l’origine, il a été décrit à tort comme la variété graphitoïde du bore.

Le borure de manganèse a été préparé par Troost et Hautefeuille en chauffant au creuset de charbon de l’acide