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BORDURE

Bordure de menuiserie, pour encadrer un espace rectangulaire ou carré, ces bordures sont moulurées ou non. clouées ou assemblées et dans ce dernier cas prennent généralement le nom de cadres (V. ce mot), les pavés en mosaïque, les dallages décoratifs, les parquets riches ont des bordures.

Dans la décoration peinte ou sculptée, les bordures sont fréquemment employées pour accuser le parti de la décoration et arrêter les surfaces décorées. Les bordures de tapisseries ou de papiers de tentures fournissent de nombreux exemples intéressants de dispositions décoratives. Dans les papiers de tenture, les bordures sont fabriquées en rouleaux de la même longueur que les rouleaux de papier de tenture et sur la même largeur. On conçoit par là que le rouleau de bordure contient un chiffre plus ou moins élevé de mètres linéaires de bordure, suivant que le motif se trouve répété un nombre de fois plus ou moins grand sur la largeur. H. Saladin.

II. Marine. — La bordure d’une voile en est le contour inférieur et la ralingue qui le forme est la ralingue de bordure nommée aussi ralingue de fond dans le cas d’une voile carrée. Border une voile est l’action d’étendre sa ralingue de bordure soit pour établir cette voile, soit pour mieux la présenter à l’action du vent. Cette opération s’effectue en halant sur les écoutes ou sur l’écoute de la voile (V. Voile).

III. Blason. — Pièce héraldique, honorable, de second ordre, contiguë au bord de l’écu. Sa largeur est du sixième ; lorsqu’elle est diminuée de largeur, elle prend le nom de filière. Elle peut être chargée, échiquetée, componnée, bretessée, dentelée, engrelée, canelée, etc. Elle sert très souvent de brisure. Elle

encadre pour ainsi dire, à l’in-

térieur de l’écu, les figures qui en

occupent le champ, c’est pourquoi

elle est considérée comme un

symbole de faveur et de protec-

tion. Les souverains l’accordent

comme récompense d’un service

signalé, indiquant de cette ma-

nière qu’ils entendent défendre

celui qui en est décoré contre

les embûches de ses ennemis.

Lorsque la bordure est crénelée

elle peut indiquer les murs d’une

forteresse ou d’une ville fortifiée ;

dentelée et engrelée, elle signifie la prise d’un camp retranché et défendu par des palissades. Un grand nombre de villes, de provinces, de petits Etats vassaux portent une bordure composée de pièces figurant dans les armes de leur suzerain ; les fleurs de lis d’or qui meublaient l’écu de France ont été à plusieurs reprises concédées pour être employées en bordure, c.-à-d. que le concessionnaire bordait ses armes de celles de France. H. GuURDON DE GenOUILLAC.

IV. Horticulture. — Afin de séparer les allées des terrains de culture, on est dans l’habitude d’entourer les carrés, les plates-bandes, les corbeilles ou les massifs, soit de végétaux, soit d’ornements divers. Le but de ces bordures est de protéger les plantes cultivées, de soutenir les terres, ou bien simplement de servir d’ornement. Quand il s’agit de protéger les plantes contre l’envahissement des promeneurs, par exemple, il devient nécessaire de se servir de bordures en matériaux inertes tels que fer ou terre cuite. C’est ce qui a lieu notamment dans les parcs et jardins publics, où l’on se sert le plus souvent d’arceaux en fonte imitant une branche d’arbre recourbée. Ces arceaux sont solidement enfoncés dans le sol ; ils se croisent et sont reliés ensemble par des fils de fer ; ils doivent s’élever à environ m 15 au-dessus du sol. Les bordures en tuiles ou poteries de terre cuite ont, en général, l’inconvénient d’être peu gracieuses. Les bordures de ce Ecu d’azur à la bordui

d’argent.

genre doivent en effet apparaître le moins possible, car le but est de servir de protection et non d’ornement. — Les bordures destinées à soutenir le sol et à empêcher les éboulements sont ou bien en tuiles ou bien en végétaux divers, à croissance compacte. On emploie souvent dans ce cas des sous-arbrisseaux tels que le buis nain, le thym, la sauge officinale, la santolinc, la lavande, etc. Toutes ces bordures se traitent à peu de chose près de la même façon. Les bordures do buis, qui sont le plus employées, peuvent en être prises comme type. La plantation du buis de bordure peut être faite de deux manières : en jauge continue ou au plantoir. Dans tous les cas le buis est propagé par éclat, c.-à-d. que l’on arrache les vieux pieds et que l’on divise les touffes en les éclatant, sans qu’il soit nécessaire de se préoccuper de la plus ou moins grande quantité de racines qui reste après chaque brin, le buis émettant très facilement des racines adventives pour peu que la plantation soit faite dans de bonnes conditions. Quand il s’agit de faire la plantation en jauge, on laboure d’abord le sol, puis on le foule aux pieds afin d’obtenir un tassement. Après avoir tendu un cordeau s’il s’agit de lignes droites, ou simplement après avoir tracé sur le sol la ligne de contour suivant laquelle la plantation doit être faite, on ouvre à arête vive une jauge nettement arrêtée du côté de la plantation, et au contraire largement béante du côté de l’allée. Ce travail se fait à la bêche que l’on enfonce droite suivant la ligne de bordure et à l’aide de laquelle on enlève la terre du côté de l’allée. Quand la jauge est ouverte et le buis préparé, c.-à-d. débarrassé des trop longues racines et divisé en petits bouquets, le jardinier commence la plantation en disposant les petits bouquets de buis en lignes continues le long du terrain taillé à la bêche ; puis, faisant tomber la terre sur la racine il fixe le buis en place. Cette plantation peut se faire dès le mois de septembre et se pro longer pendant tous les mois d’hiver. Au printemps il est nécessaire de faire suivre la plantation d’arroseraents fréquents. Le plus souvent on ne plante qu’une seule ligne de bordure ; quelquefois cependant, notamment dans les grands parcs, on plante deux oj trois lignes parallèles. On fait souvent des bordures avec des plantes rampantes, du lierre, des saxifrages, du gazon, etc. Dans ce cas les bordures prennent une largeur plus grande, elles doivent être proportionnées à l’importance du jardin ou des corbeilles. Les bordures de gazon sont très employées dans les grands parcs (V. Gazon) ; on sème directement le gazon en place, ou bien on le rapporte en placage. Les bordures d’ornements font partie de la décoration des corbeilles (V. ce mot), qu’elles accompagnent et qu’elles terminent.

Y. Sylviculture. — On désigne sous le nom d’arbres de bordure ceux qui délimitent les coupes ou qui bordent les chemins. Etant plus éclaircis, ils sont plus branchus et le fût devient par suite moins droit, plus noueux ; ils servaient autrefois comme bois courbants employés dans la construction des navires. Les arbres qui croissent en bordure donnent souvent lieu à des contestations de la part des propriétaires riverains. Les droits réciproques sont réglés par l’art. 671 du C. civ. et par les art. 150 du C. forest. et 176 de l’ordonnance du 1 er août 1827. Le riverain ne peut couper la branche qui vient envahir sa propriété, mais il peut en réclamer l’ablation au propriétaire des arbres, qui est tenu de s’exécuter. Les racines peuvent être coupées sans qu’il soit besoin d’en donner avis préalable au propriétaire des arbres. La plantation des arbres de bordure ne doit se faire qu’à 2 ru. de la ligne de partage des propriétés. Celte dislance est de O^oO pour les arbustes ; sont considérés comme arbres tous les végétaux dépassant ’i m. — Le riverain peut exiger que les arbres plantés à une distance moindre soient arrachés ou réduits à la hauteur réglementaire, dans les localités où l’usage est de laisser les arbres des forêts jusqu’en bordure de la ligne de partage, cet usage,