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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 12.djvu/162

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COMMUNISME — COMMUTATEUR

esclaves et des hommes libres voués aux occupations manuelles semble volontairement abandonnée à l’impulsion de l’égoïsme naturel. Seule, l’aristocratie dominante îles guerriers et des magistrats, une aristocratie se recrutant elle-même, trouve dans le parlait communisme la condition et le ternie de son perfectionnement moral. Ni propriété privée, ni famille. A ebacun suivant ses besoins, et des unions passagères dont la courte dorée empêche la formata de la famille et cet ègoïsme familial, principe si puissant de lutte et de désordre au sein de la cité. Voilà la loi du petit groupe d’initiés voués à la protection et à la direction du reste du corps social, dont ils se distinguent nettement. Dans cette donnée fondamentale de la République de Platon, on peut trouver comme une lointaine ressemblance avec la situation particulière de ces petits Etats grecs, composés d’une poignée de citoyens ayant constamment à se défendre contre une population de dépendants, nombreuse, non soumise, et par cela même obligés de rester étroitement unis. L’auteur semble se faire un jeu de pousser le principe à ses dernières conséquences et ne s’aperçoit pas ou fait semblant de ne pas s’apercevoir qu’il perd pied et que le terrain se dérobe sous lui. Un seul moyen lui resterait de rendre la fantaisie vraisemblable, de concilier l’idéal avec le réel ; ce serait d’arracher complètement au monde, à la vie inférieure de l’instinct ses guerriers et ses sages, d’en faire dans toute la force du terme des voués, renonçant à la chair et coupant en eux l’égoïsme jusque dans sa racine. Il ne le fait pas.

Historiquement, c’est pourtant sous cette forme de communautés volontairement constituées par des sages ou aspirants sages qui sont morts ou ont commencé de mourir au monde et à l’orgueil de la vie, et sous cette forme seule, qu’a pu se réaliser l’idéal communiste. L’institut pythagoricien de la Grande-Grèce, les Esséniens des bords de la mer Morte, les Thérapeutes d’Egypte, dans l’Occident chrétien, les ordres monastiques, parmi lesquels les ordres guerriers se laissent sans violence rapprocher de l’aristocratie guerrière de Platon : voilà, et là seulement, le communisme en action. Du xvi e au xvin e siècle, on trouve, chez les Frères Moraves des confins de la Bohème, de la Moravie et de la haute Lusace, concilié jusqu’à un certain point le régime de la vie commune et le maintien de la famille : mais c’est là un fait unique que rend seul possible une foi très vive et une ardente charité. La même remarque s’applique à la très curieuse et très intéressante tentative communiste des jésuites au Paraguay (1608-1767). Ce qu’on appelle parfois communisme tribal ou coin— munisme agraire et dont on relève ou prétend relever dans le passé lointain des races civilisées de plus ou moins nombreuses traces, — sauf quelques cas très rares, — n’est guère qu’un certain droit, le même pour chacun des membres de la tribu ou de la communauté, à occuper temporairement la portion de territoire du groupe et les autres moyens de production nécessaires à son exploitation privée. Le seul organe, avec un caractère sensiblement communiste, qu’on rencontre dans l’histoire de nos races, c’est le groupe de la famille associée qui semble particulièrement propre au monde slave (Zadruga), qu’on rencontre cependant en Allemagne, en France, où elles ont survécu presque jusqu’à nos jours, surtout dans les parties montagneuses du centre. Malheureusement, la famille associée est trop près de la famille et le cercle en semble trop étroit pour qu’il puisse venir à l’esprit de quelqu’un de faire de sa longue persistance à travers le temps, même de loin, une expérience communiste (V. Famille et Propriété) G. Platon. COMMUNITET (en latin Communitas regia). Institution scolaire danoise, fondée le 25 juil. 1569 par le roi Frederik II en faveur de cent étudiants qui devaient y être nourris pendant cinq ans, et à l’entretien desquels turent affectés les revenus de cent cinquante-trois domaines et la dîme royale de quatre-vingt-douze paroisses. Les prestations en nature, converties en numéraire dès 1736, s’élèvent maintenant à 44 fr. 50 par mois pour chacun des cent trente assistés. En outre, la fondation a économisé plus do cinq millions de francs, tout en consacrant des sommes considérables à des constructions pour la questure, les musées et la bibliothèque de l’Université. B-s. BlHL. : 11. BKCKMANN, Communitatis regiae havniensis historia ; Copenhague, 1785. — C.-E.-F. Reinhardt, Konimunitet og lîegentsen, dans Historisli Tidsskrift, 3" série, t. III et a part.

COMMUTATEUR. Ces petits appareils sont destinés à changer à volonté dans un circuit métallique le sens d’un courant électrique ; très souvent, ils peuvent en outre jouer le rôle d’interrupteur, c.-à-d. interrompre le courant. On a imaginé un grand nombre de ces commutateurs, nous décrirons les trois principaux. Commutateur d’Ampère. Il se compose d’un axe horizontal en verre ou en une autre matière isolante A pouvant Fig. 1.

basculer facilement. Cet axe porte normalement deux autres tiges BC, DE terminées par un arceau à chaque extrémité ; au-dessous des huit pointes de ces quatre arceaux sont huit petits trous 1,2. ..8, percés dans le bois qui sert de support à tout l’instrument : ils contiennent du mercure et communiquent : 1 avec 5, 2 avec 7, 3 avec 6, 4 avec 8 à l’aide de rigoles pleines de mercure ou de lames ; les communications 3,6 et 2,7 qui se croisent ne se touchent pas ; en outre 1 et 4 communiquent avec les bornes où l’on attache les extrémités de la pile P ; 6 et 7 avec les bornes où l’on fixe les extrémités du circuit en expérience. Lorsque l’appareil est dans la position indiquée par la figure, la borne M communique avec la borne R par l’intermédiaire de la rigole 6,3 et de l’arceau E. La borne N communique avec la borne Q à l’aide de la rigole 7,2 et de l’arceau B ; si l’on fait basculer l’axe A en sens inverse à l’aide de la tige T, c’est l’inverse qui se produit : M communique cette fois avec Q par l’intermédiaire de l’arceau C et de la rigole 5,1, et N communique avec R à l’aide de l’arceau D et de la rigole 8,4. Le circuit E est donc parcouru en sens inverse. Une disposition facile à imaginer permet de fixer T verticalement, toutes les bornes sont alors isolées : l’appareil peut donc servir d’interrupteur. Commutateur de Ruhmkorff. Il se compose d’un Fig. 2.

cylindre formé d’une matière isolante placé horizontalement sur deux supports métalliques communiquant chacun avec le pôle d’une pile. Le cylindre porte deux rainures longitudinales dans lesquelles sont engagées deux lames métalliques isolées l’une de l’autre, mais communiquant chacune avec l’un des supports de l’axe du cylindre.