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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 12.djvu/812

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CONTRACTION — CONTRACTURE

ments dynamiques par excellence, ils ne joueraient également qu’un rôle très faible dans les combustions chimiques du muscle, si l’on en juge par la faible augmentation des substances qui correspondent à leur transformation et désassimilation : urée, sulfates et phosphates, après un exercice musculaire considérable (Fick et Wislicenus). Phénomènes thermiques. La contraction musculaire représentant un travail effectué et donnant lieu à des variations dans les échanges chimiques, s’accompagne nécessairement de variations thermiques. La température générale s’élève à la suite de mouvements violents, elle peut atteindre un chiffre tort élevé dans les grandes attaques convulsives : 41°, 41°,S. Sur un membre convulsé la température peut s’élever de 4° rapidement (Peter). L’élévation thermique si considérable signalée ; dans les expériences avec les substances convulsivantes : strychnine, cocaïne, est due uniquement à l’exagération des contractions musculaires. L’étude directe du muscle pendant la contraction, soit en employant les aiguilles thermoélectriques (Becquerel ) ou en prenant la température du sang artériel et du sang veineux qui irriguent le muscle (Smith) montre nettement cette élévation thermique. Sur l’homme, la température du biceps peut, quand il se contracte, s’élever de 1° environ. Une seule secousse du gastroenémien de la grenouille donne une élévation de cinq centièmes de degrés ; enfin Fick évalue à trois microcalories (V. Calohie) la quantité de chaleur dégagée par un gramme de muscle de grenouille en travail maximum. Nous renverrons au mot Travail pour l’étude si intéressante du rapport entre la chaleur dégagée et le travail produit.

Phénomènes électriques. Le muscle en repos est le siège d’un courant électrique qui va de la surface longitudinale du muscle à sa surface transversale, artificielle (section du muscle) ou naturelle, insertion tendineuse, rendu manifeste par l’aiguille d’un galvanomètre ou mieux encore par l’électromètre capillaire de Lipmann ; et si l’on vient à déterminer dans ce muscle une contraction, on voit le courant diminuer de force ou même changer de sens. C’est ce qu’on a appelé la variation négative. Cette variation négative est suffisante pour déterminer sur un second muscle, par exemple de grenouille, une contraction induite, en appliquant sur les deux surfaces du premier muscle le nerf sciatique du second. Ajoutons que la variation négative consiste moins en un développement de force électromotrice nouvelle qu’en la disparition du courant du muscle au repos. Cette variation se produit non pendant la contraction réelle, mais dans la première période, dite période latente (V. Electricité). D r P. Langlois.

II. Grammaire. — La contraction est le resserrement de deux syllabes en une seule, comme dans les formes dites contractées de l’article ; mais plus ordinairement fusion de deux ou trois voyelles en un son unique, dans le corps d’un mot. La contraction est surtout fréquente dans la langue grecque, où certains dialectes, en particulier Panique, ne souffrent pas la rencontre des voyelles dans le même mot.

III. Mathématiques. — Contraction des ordonnées (V. Dilatation des ordonnées).

Bibl. : Physiologie. — Marey, Du Mouvement dans les fonctions de la vie, 1868. — Kanvier, Leçons sur l’anutomie du système musculaire, 1880,— Ch. Richet, Physiologie des muscles et des nerfs. — Hermann, Handbueh der Physiologie. — Longet, Béclard, Baunis, Traités de physiologie.

CONTRACTURE (Méd.). On définit la contracture « un état pathologique du muscle, caractérisé par la raideur involontaire et durable », ou plus simplement « un état de rigidité pathologique de la fibre musculaire », différant de la contraction en ce que celle-ci est un état de rigidité physiologique. Les contractures peuvent être généralisées, comme par exemple dans certaines formes d’hystérie, ou localisées, n’occupant qu’un muscle ou qu’un groupe de muscles ; elles peuvent aussi revêtir les formes monoplégique, hémiplégique, paraplégique. Les membres supérieurs se contracturent ordinairement dans la flexion et les inférieurs dans l’extension. La contracture est caractérisée par la rigidité et la dureté des muscles ; on disait aussi autrefois par leur raccourcissement, mais récemment il a été démontré que ce "raccourcissement était loin d’être la règle ; il y a seulement de la condensation du muscle. Le muscle contracture est dur au toucher ; quand tout un membre est contracture, il devient comme une barre solide qui se meut tout d’une pièce ; la contraction volontaire est impossible et la contraction provoquée est très difficile à produire. Dans certains cas il existe des mouvements involontaires dans les membres rigides : c’est ce qui se produit dans l’athétose par exemple. En général, la contracture n’est pas douloureuse, sauf parfois quand elle est associée à l’hystérie comme dans la coxalgie hystérique. Son intensité est des plus variables, très faible quand les membres ne sont qu’en opportunité de contracture, très forte dans certaines maladies du système nerveux. Les contractures ne constituent pas une entité morbide ; elles sont toujours symptomatiques ; leurs variétés sont, par suite, très nombreuses et pour les distinguer on les classe en deux grands groupes : contractures spasmodiques et contractures myopathiques (pseudo-contractures de Charcot). Les premières ont pour origine une lésion du système nerveux, s’accompagnent d’exagération des réflexes tendineux et souvent de trépidation épileptoïde et se résolvent complètement pendant le sommeil chloroformique ; les secondes sont sous la dépendance d’une altération du muscle lui-même et ne possèdent aucun de ces caractères. Ce sont des lésions du système nerveux central qui donnent surtout lieu aux contractures spasmodiques ; il est douteux que celles des nerfs périphériques les produisent, car elles provoquent des contractions et non des contractures durables. La moelle qui préside à la fonction de la tonicité parait jouer un rôle très important dans la genèse de ce symptôme par l’exagération de cette fonction ; aussi les contractures sont-elles fréquemment observées dans les myélites, soit quand les cordons latéraux sont intéressés, soit quand une portion de la moelle est soustraite à l’influence de l’encéphale (section, compression, tumeur de la moelle). Les poisons qui exagèrent l’excitabilité réflexe de la moelle, la strychnine et l’ergotine par exemple, peuvent faire naître des contractures ; il en est de même de certains agents infectieux, comme celui du tétanos. C’est sans doute aussi à l’augmentation de l’excitabilité de la moelle qu’il faut attribuer la contracture qui suit les accès d’épilepsie et la contracture hystérique. Cette dernière survient et disparaît brusquement, à la suite d’une crise ou sous l’influence d’une excitation quelconque, traumatisme, choc, application d’un diapason ou d’un aimant, faradisation, ou encore par la suggestion. Elle est très variable dans sa distribution ; sa rigidité est considérable et cependant elle n’est due à aucune altération appréciable du système nerveux. Elle atteint souvent les muscles de la vie organique. Les lésions de l’encéphale qui détruisent ou irritent le faisceau moteur sur un point quelconque de son trajet, ou qui atteignent une des parties directement excitables, circonvolutions motrices, protubérance, bulbe, méninges, peuvent provoquer des contractures soit aussitôt, soit au bout d’un certain temps. L’hémorragie ou le ramollissement du cerveau produisent d’abord de l’hémiplégie, puis quelques semaines plus tard des contractures quand le faisceau moteur séparé de son centre trophique commence à dégénérer. Cette contracture est à peu près incurable et peut tout au plus s’atténuer légèrement. Des lésions articulaires, des altérations des muqueuses ou des muscles peuvent devenir le point de départ de contractures réflexes. Les contractures myopathiques reconnaissent comme cause une altération primitive du muscle, d’ordre chimique probablement. On peut les voir apparaître lors de contusion ou du traumatisme des muscles, en cas de tumeurs, de myosite ; à la suite de troubles de la circulation, particulièrement l’ischémie prolongée ; les vétérinaires lui imputent la claudication