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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 12.djvu/963

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CORDELIERS — CORDEMOY

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plus une monarchie, qu’elle est une république ; ou au moins d’attendre que tous les départements, toutes les assemblées primaires aient émis leur vœu sur cette question importante, avant de penser à replonger une seconde fois le plus bel empire du monde dans les chaines et dans les entraves du monarchisme. » Et en même temps la Société déclarait « quelle comptait autant de tyrannicides que de membres». La journée du 17 juil. 1791 força les principaux meneurs des Cordeliers, notamment Danton, à se soustraire pendant quelque temps par la fuite à des poursuites probables. Momoro fut arrêté. Le club suspendit ses séances et ne les reprit que le 23. A la nouvelle des premiers échecs de nos armes dans le Nord, les Cordeliers se présentèrent à la barre de l’Assemblée législative pour dénoncer les généraux, mais ils en furent chassés (2 mai 1792). Aux journées du 20 juin et du 10 août 1792, on vit au premier rang des membres du club des Cordeliers ; mais les documents font défaut sur l’attitude du club lui-même. A partir du 10 août, Danton, Fabre, Desmoulins semblent n’y avoir plus siégé, et les éléments violents y prirent le dessus. Le club fut compromis dans l’insurrection avortée du 10 mars 1793 (Mon., XV, 704). Il favorisa le coup d’État populaire du 2 juin. Après la mort de Marat, il vint déclarer à la Convention (20 juil. 1793) qu’il élevait dans le lieu de ses séances un autel au cœur de Marat. Le 18 sept, suivant, il se présenta de nouveau à la barre pour se plaindre des représentants en mission et des pouvoirs qui leur étaient donnés. Le 23, il demanda la création d’une armée révolutionnaire. Le 1er déc, il proposa à la Convention de prescrire jusqu’à la paix la circulation des monnaies d’or et d’argent. Le 21, il réclame l’envoi au tribunal révolutionnaire des Girondins survivants. Les Cordeliers sont à ce moment-là les promoteurs du culte de la Raison. Deux d’entre eux, chefs des « enragés », Vincent et Ronsin, ayant été arrêtés, une députation de la Société vint les défendre à la barre de la Convention (23 déc). Quand Camille Desmoulins essaya, dans son Vieux Cordelier, d’arrêter la Terreur, ils le désavouèrent solennellement, ainsi que Philippeaux, Bourdon (de l’Oise) et Fabre d’Églantine (22 nivôse an 11-11 janv.1794). Quelques jours après (30 nivôse), ils apportèrent à la barre de la Convention le cœur de Marat dans une urne et demandèrent qu’il fût fait une édition nationale des œuvres du journaliste révolutionnaire. Bientôt ils s’attaquèrent au gouvernement de Robespierre, que Momoro bafouait publiquement, comme trop modéré. Le 14 ventôse, ils arrêtèrent de voiler d’un crêpe noir le tableau des Droits de l’homme jusqu’à ce que le peuple eût recouvré ses droits, et Hébert demanda qu’une insurrection délivrât la République de ses oppresseurs. En même temps, Carrier, revenu de Nantes, dénonçait le gouvernement à la tribune du club. Mais l’attitude ferme de la Convention et des Jacobins fit échouer ce projet : le 17 ventôse, les Cordeliers ôtèrent le voile qu’ils avaient mis sur les Droits de l’homme et Hébert expliqua, atténua ses paroles. Mais le 23 ventôse, les chefs des Cordeliers ou Hébertistes furent arrêtés : c’étaient Hébert, Momoro, Cloots, Vincent, Ronsin, Proly, Dubuisson, Pereyra, Leclerc, Desfieux et autres. Ils furent guillotinés le 4 germinal (24 mars 1794). La Société accueillit avec consternation la nouvelle de l’arrestation de ses chefs : mais elle s’agita vainement (Bûchez et Roux, XXXI, 339). Puis la peur la prit : le 28 ventôse, elle envoya une députation aux Jacobins pour demander une réconciliation, une correspondance fraternelle. Les Jacobins répondirent avec hauteur qu’ils ne correspondraient avec les Cordeliers que quand ils se seraient régénérés par une épuration. Le club des Cordeliers commença à s’épurer lui-même le 4 germinal, le jour où ses chefs marchaient à l’échafaud. Mais cette épuration ne parut pas suffisante aux Jacobins qui, le 29 floréal suivant, se refusèrent encore à correspondre avec les Cordeliers. La Société des Amis des droits de l’homme et du citoyen ne dut pas survivre longtemps à ces événements : mais nous ne savons ni à quelle date ni comment elle disparut. Nous n’avons pas le registre des délibérations des Cordeliers, et ils firent imprimer fort peu de leurs arrêtés. On les trouvera, ainsi que quelques pièces y relatives, à la Bibliothèque nationale, sous les cotes Lb40 818-820 et 2374-2387. Il parut en 1791 un Journal du club des Cordeliers (in-8). La Bibliothèque nationale en possède (Lc/2, 2510) les dix premiers numéros, du 28 juin au 4 août 1791 (90 p. en tout). Nous ne savons s’il parut d’autres numéros. Mais Momoro avait rédigé les numéros 11 à 14 et une partie du numéro 13. On trouvera une analyse de ces numéros manuscrits et d’autres pièces inédites ou imprimées sur les Cordeliers dans le Catalogue d’une importante collection de documents autographes sur la Révolution (Paris, 1862, in-8, pp. 101-100). Le 14 ventôse an II, la Société se fit donner lecture du prospectus d’un journal officiel de ses séances : mais ce journal ne semble pas avoir paru. Hatin, dans sa Bibliographie de la Presse, dit qu’il y a une histoire des commencements du club des Cordeliers dans une brochure parue en avr. 1791 et intitulée : Momoro, citoyen du Théâtre-Français et premier imprimeur de la liberté, à ses concitoyens (in-4 de 4 pages), mais nous n’avons pu trouver cet opuscule. F. -A. Aulard.

CORDELINE (Verrerie). Tige de fer de l m 40 de longueur environ, avec laquelle les verriers qui fabriquent les bouteilles prennent, dans le pot ou creuset, la petite quantité de verre nécessaire pour faire, lorsque la bouteille est séparée de la canne qui a servi à la souffler, la bague qui en entoure le col à sa partie supérieure, et qui, elle-même, était appelée autrefois cordeline. Ed. G.

CORDELLA(Giacomo), musicien, né à Naplesle 23 juil. 1786, mort à Naples le 8 août 1846. Il étudia la musique avec Fenaroli et reçut des conseils de Paisiello. A dix-huit ans, il composait une cantate, la Viltoria dell’Arca contro Ger’ico. De 1803 à 1826, il a fait jouer et représenter beaucoup d’opéras bouffes et d’opéras sérieux dont Fétis (Biogr. univ. des musiciens) donne la nomenclature. De plus, il a écrit des cantates profanes et religieuses, des morceaux pour l’église, des inesses, etc. A. E. CORDELLE. Corn, dudép. de la Loire, arr. de Roanne, cant. de Saint-Symphorien-de-Lay ; 1,481 hab. CORDEMAIS. Coin, du dép. de la Loire-Inférieure, arr. de Saint-Nazaire, cant. de Saint-Etienne-de-Montluc, sur une colline dominant la Loire ; 2,302 hab. Stat. (à 3 kil. du bourg) du chem. de fer d’Orléans, ligne de Nantes a Saint-Nazaire. Intéressante église romano-gothique dont le chœur s’élève sur une crypte ; les chapelles latérales sont du xvi c siècle. Un bénitier extérieur a été fait d’un grand cercueil antique de granit, découvert dans le cimetière. CORDEMOY (Géraud de), historien et philosophe français, membre de l’Académie française, né à Paris vers 1620, mort le 8 oct. 1684. 11 était d’une famille noble originaire d’Auvergne. Avocat, il abandonna le barreau pour des études philosophiques ; Bossuet remarqua son Discours sur la nature de Vàme, et le fit nommer lecteur du dauphin ; il le chargea, de plus, d’écrire pour son élève une histoire de Cbarlemagne. Les recherches que Cordemoy dut entreprendre lui donnèrent l’idée d’une histoire de France générale, dont la préparation l’occupa dix-huit ans, sans qu’il ait pu en commencer la publication. Esprit médiocre et appliqué, d’un travail très lent, il eu avait fait une compilation méthodique et non sans valeur ; elle fut publiée par son fils. Les principales œuvres de Cordemoy sont : Histoire de France, depuis le temps des Gaulois et le commencement de la monarchie jusqu’en 787 (Paris, 1683-9, 2 vol. in-fol.) ; Discernement de l’âme et du corps en six discours (Paris, 1661) ; Discours physique de la parole (Paris, 1668) ; Lettres à un savant religieux sur le système de Descartes touchant les bétes (Paris, 1668), et plusieurs dissertations, publiées sous le titre de Traités de métaphysique et d’histoire (Paris, 1704).

Bibl. : D’Olivet, Histoire de l’Académie française.