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MANTOUE — MANTZ
— 1185 —

par Léonard de Vinci et deux fois par le Titien, fut consultée par les principaux écrivains du temps, l’Arioste, Bembo, etc.

Son fils Frédéric II, né le 47 mai 1500, mort le 28 juin 1540, fut capitaine général des forces de Léon X, s’entendit avec Charles-Quint (1529), qui le fit duc (4530) et lui donna en 1536 le Montferrat (V. ce mot). Il avait épousé en 1531 Marguerite, fille de Guillaume VI Paléologue (marquis de Montferrat) ; de cette union naquirent : outre ses deux successeurs, le duc de Nevers, le cardinal Frédéric (1540-65). — François II, né le 10 mars 1533, mort le 21 févr. 1550, régna sous la tutelle de son oncle, le cardinal Hercule ; il avait épousé Catherine d’Autriche, fille du roi des Romains, Ferdinand (1549). — Son frère, Guillaume, né en 1536, mort à Bozzolo le 14 août 4587, eut à combattre une révolte des gens de Casale (1567) et fit ériger le Montferrat en duché (1574) ; il avait épousé (156.1) Eléonore (1534-94), fille de l’empereur Ferdinand. — Leur fils, Vincent Ier, né le 21 sept. 1562, mort le 18 févr. 4612, fit bâtir la citadelle de Casale, divorça d’avec Marguerite Farnèse (1580) pour épouser (1581) Eléonore de Medici (1566-1611), fille du grand-duc François, dont il eut outre ses trois fils (successivement ducs de Mantoue), Marguerite, mariée à Henri, duc de Lorraine, et Eléonore, mariée à l’empereur Ferdinand II (1622). — François III, né le 7 mai 1586, mort le 22 déc. 4612. — Son frère, Ferdinand, né le 24 mai 1587, mort le 29 oct. 1626, cardinal de 1605 à 4615, se vit disputer le Montferrat par le duc de Savoie (1613-17). — Vincent II, né le 7 janv. 4594, mort le 26 déc. 4627, cardinal de 4615 à 1696, frère des précédents, mourut comme eux sans héritier mâle.

La succession du Mantouan et du Montferrat donna lieu à une guerre acharnée. L’héritier légitime était Charles, fils de Louis de Gonzague, duc de Nevers, petit-fils de Frédéric II, duc de Mantoue. Il se vit disputer l’héritage par Ferdinand, puis César de Gonzague, ducs de Guastalla, et par le duc de Savoie qui revendiquait le Montferrat. L’empereur Ferdinand II, en qualité de suzerain, mit la succession sous séquestre en attendant sa décision. Charles de Nevers fit occuper Mantoue par son fils, du même nom, et fut alors mis au ban de l’empire. Ferdinand II ne voulait pas laisser de prince français s’établir dans les formidables places fortes de Casale et Mantoue. La France et Venise soutinrent le duc de Nevers. Louis XIII et Richelieu forcèrent le Pas de Suze et débloquèrent Casale assiégé par les Savoyards et les Espagnols (4629). Le maréchal d’Estrées s’enferma dans Mantoue, mais la peste se déclara dans la ville, assiégée par les Impériaux. Le 18 juil. 1630, elle fut enlevée par surprise et saccagée trois jours durant ; ses trésors artistiques furent dispersés. A la diète de Ratisbonne ; en présence des progrès des Suédois en Allemagne, l’empereur céda. Il s’engagea à investir Charles de Nevers des duchés ; l’Espagne refusa d’abord d’accéder au pacte, puis y consentit par le traité de Cherasco (1631). Mais il fallut céder une partie du Montferrat au duc de Savoie. Le duc Charles Ier, mort le 22 sept. 1637, avait fait épouser en 1627 à son fils Charles II, duc de Rethel († 1631), la princesse Marie (1609-60), fille du duc François III. De ce mariage naquirent le duc Charles III et Eléonore, troisième femme de l’empereur Ferdinand III (1651). Charles Ier avait eu trois filles : Marie-Louise, femme des rois de Pologne Ladislas VI et Jean-Casimir II ; Anne dite la princesse palatine, épouse d’Edouard de Bavière, prince palatin (1645) ; Bénédicte, abbesse d’Avenay.

Charles III, 9e duc de Mantoue, né le 31 oct. 1629, mort le 44 août 1655, eut d’abord sa mère pour tutrice, épousa Isabelle-Claire, fille de l’archiduc Léopold (1649), et s’allia à l’Espagne contre la France (1652-58) ; il vendit à Mazarin en 1639 ses domaines français (duchés de Nevers, Rethel, Mayenne, etc.). — Son fils Charles IV, né le 31 août 1652, mort à Padoue le 5 juil. 1708, aida l’empereur contre les Turcs (1687), mais prit parti pour Louis XIV dans la guerre de succession d’Espagne et reçut des garnisons françaises dans Casale et Mantoue. Il fut chassé de ses Etats, mis au ban de l’empire (1708). Il mourut bientôt après sans enfants. Le duché de Mantoue fut alors confisqué par l’empereur Joseph Ier, malgré les prétentions du duc de Guastalla et du duc de Savoie qui fut dédommagé par le Montferrat, la Lomelline, le val de Sesia et Alexandrie. — En 1785, le Mantouan fut réuni au Milanais pour constituer la province autrichienne de Lombardie.

La place forte de Mantoue, devenue la clef de la Haute-Italie, a joué un rôle prépondérant dans la fameuse campagne de Bonaparte. Huit mois, elle résista aux assiégeants français, donnant le temps aux armées successivement envoyées d’Autriche de descendre les Alpes. Wurmser ne se rendit que le 2 févr. 1797. Mantoue fut incorporée à la république cisalpine, puis italienne ; investie par le général autrichien Kray en mai 1799 ; le général Foissac-Latour la rendit le 28 juil. après un simple bombardement de quatre jours. Le traité de Lunéville l’attribua à la république cisalpine. Elle passa au royaume d’Italie, puis à l’Autriche (1814). Elle fit partie du fameux quadrilatère (Vérone, Peschiera, Legnago, Mantoue), qui était le boulevard de la domination autrichienne, brava de mars à juil. 1848 les attaques des Piémontais, vaincus sous ses murs le 18 juil. La paix de Villafranca la laissa à l’Autriche qui ne la céda qu’en 1866 avec la Vénétie.

Vase de Mantoue — Vase formé d’un onyx taillé en carnée de 45cm 4/2 de haut sur 64/2 d’épaisseur. Trouvé lors du sac de Mantoue (1630), il fut vendu à un officier, Sirot, qui le donna à son colonel, le duc de Saxe-Lauenbourg ; il passa aux ducs de Brunswick, fut donné au musée de Brunswick en 1767, emporté par le duc Charles Iors de la révolution de 4830, et vendu après sa mort (4873) par Genève au musée de Brunswick. Ce vase est décoré de douze figures en relief représentant une fête religieuse, peut-être les petites Eleusinies. Sa provenance antique est douteuse.

Bibl. : Volta, Compendio della Storia di Mantova ; Mantoue, 1807-38, 5 vol. — Comte d’Arco, Studj intorno al municipo Mantova ; Mantoue, 1871-74. 7 vol.

MANTOUE (Eléonore d’Autriche, duchesse de) (V. Eléonore, t. XV, p. 806).

MANTOUMBA. Lac de l’Etat libre du Congo, qui envoie un émissaire, l’Irébou, dans le Congo. Découvert par Stanley (1883), il fut exploré par Rentley (1887) (V. Congo).

MANTRAS (V. Bouddhisme, t. VII, p. 597).

MANTRY. Com. du dép. du Jura, arr. de Lons-le-Saunier, cant. de Sellières ; 1, 056 hab. Sur son territoire se trouvait le prieuré du Sauvement, dépendant de l’abbaye de Fontevrault, fondé au xiiie siècle par Jean de Chalon l’Ancien, et dont les biens furent unis au xve siècle à l’abbaye de Baume-les-Messieurs.

MANTZ (Paul), littérateur et critique et administrateur français, né à Bordeaux le 28 avr. 1821, mort à Paris le 29 janv. 1895. Après avoir payé quelque tribut à la poésie, il partagea de bonne heure son existence entre les occupations administratives et les travaux littéraires. Dès 1847, il s’essayait, dans l’Artiste, à des articles de critique, en même temps qu’il débutait, en qualité de rédacteur, au ministère de l’intérieur, dans les bureaux de la direction des affaires départementales. Porté par un goût très vif vers l’étude des choses d’art, il donna d’abord au journal de Victor Hugo, l’Evénement (1848), puis à la Revue de Paris, puis à la Bévue française de 1855, des Salons qui furent remarqués et déterminèrent son entrée (1859) à la Gazette des Beaux-Arts. La série des articles, très fortement documentés et pleins d’ingénieux aperçus, qu’il y publia notamment sur l’Histoire de l’orfèvrerie française, obtint un vif succès, et bientôt Charles Blanc appela le jeune critique à collaborer avec lui à sa grande Histoire des peintres. Il écrivit pour cette importante publication un grand nombre de notices qui se distinguent par la sûreté de l’érudition et du goût autant que par les mérites du style ; puis il fut, à partir de 1873,


GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXII. 75