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MANYTCH — MANZONI
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Manytch sont : le Bolchoi-liman (Goudilo), long de 70 à 90 kil., large de 5 à 9 ; le Manylchkoie Osero dont les bains de boue sont fréquentés par les scrofuleux, rhumatisants, etc.

MANZAC. Com. du dép. de la Dordogne, arr. de Périgueux, cant. de Saint-Astier ; 950 hab. Fabriques d’instruments agricoles ; tissage de toiles ; Moulins. Eglise romane avec des remaniements du xvi e siècle.

MANZANARÈS. Rivière d’Espagne, province de Madrid, affluent droit du Jarama, descendu du S. de la sierra de Guadarrama, elle passe devant Madrid (V. ce nom) ; son cours est de 85 kil.

MANZANILLO. Ville de la côte S. de Cuba, province de Santiago, snr la baie de Buena-Esperanza ; 9, 000 hab. Exportation de bois, miel, sucre, peaux, tabac.

MANZANILLO (Puerto de Colima). Ville maritime du Mexique, province de Colima, sur une belle rade avec un assez bon port ; 4, 000 hab. Exportation de bois de cèdre, de peaux, de drogues, etc. Un chemin de fer la relie à Colima.

MANZAT. Ch.-l. de cant. du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de Riom ; 2, 428 hab. Mine de houille. Gypse. Rubis de Bohême. L’église conserve de belles boiseries sculptées de la Renaissance provenant de l’ancienne chartreuse de Port Sainte-Marie.

MANZIAT. Com. du dép. de l’Ain, arr. de Bourg, cant. de Bâgé-le-Châtel ; 1, 599 hab.

MANZINI (Jean-Baptiste), lettré bolonais, né le 22 août 1599, mort le 30 nov. 1664. Dans sa jeunesse, il ne fit que voyager à travers toute l’Italie ; à Rome, où il connut le cardinal Pignatelli qui le protégea, il se fit recevoir docteur es lois (1623). Charles-Emmanuel I er de Savoie le nomma chevalier de l’ordre des Saint-Maurice et Lazare, et le duc de Modène lui donna le titre de marquis. Il fut en lutte avec Agostino Mascardi (V. ce nom), à cause d’un libelle attaquant la réputation de cet historien renommé : contraint par le cardinal Maurice de Savoie, Manzini dut en faire une ample rétractation. Il composa une tragédie (Floridagelosa ; Parme, 1631), une comédie (UAuarizia scornata ; Bologne, 1663), un roman dans le goût de ces romans interminables du XVIIe siècle (// Cretideo, Bologne, 1637), traduit en français par Bodovin, un bon nombre de poésies lyriques et de dissertations académiques, etc. M. Menghini.

Bibl. : Fantuzzi, Notizie degli scrittori Bolognesi, V, 208. — Albertazzi, Romanziëri e romanzi del cinquecenlo e del seicento ; Bologne, 1891, etc.

MANZOLLI (Pier-Angelo), né à La Stellata, près de Ferrare, à la fin du xve siècle. Il n’est pas sûr qu’il ait été médecin d’Hercule II de Ferrare, auquel il dédia, après 1534, un poème latin composé, à en juger par les allusions historiques, quelques années auparavant. Ce poème est intitulé Zodiacus vitæ, et les douze chants dont il se compose portent le nom des douze signes du zodiaque, « parce que la vie, guidée par la science, resplendit comme le soleil traversant les douze demeures du ciel ». C’est une œuvre philosophique et didactique, de forme médiocre, mais intéressante par le fond, où l’auteur essaye de conduire l’humanité au bonheur par la science ; il y expose assez confusément la métaphysique, la morale, la cosmologie ; dans les digressions, qui sont nombreuses et fréquemment satiriques, il s’en prend aux humanistes pédants, aux prélats efféminés, au pape et à Luther (ce qui prouve qu’il n’était point protestant, comme on l’a dit). L’œuvre n’est pas seulement curieuse par des tableaux pris sur le vif, mais aussi par l’état d’esprit qu’elle révèle et qui était fréquent à cette époque de transition ; à des idées hardies, à de généreuses aspirations se mêlent des superstitions étranges : Manzolli croit à l’astrologie, à la magie, aux démons enfermés dans des bouteilles, etc. Son poème, publié à Bâle en 1543, eut assez peu de succès en Italie, mais il fut très lu à l’étranger et traduit en plusieurs


langues. L’Inquisition, s’avisant un peu tard des hardiesses qu’il contenait, fit déterrer et brûler les restes de l’auteur en 1549. {A. Jeanroy.

Bibl. : E. Teza, Lo Zodiacus vitæ di P. A. M., dans le Propugnatore, nouv. sér., I, 2°, 117. — J. Burckhardt, Die Cultur der Renaissance in Italien, 3. sect., chap. X.

MANZONI (Francesca), femme poète italienne, née à Barsio, près de Milan, en 1710, morte en 1743. Après avoir été une enfant prodige, elle devint membre de diverses académies. Elle a laissé plusieurs tragédies sacrées (Ester, 1733 ; Abigaïl, 1734 ; Debbora, 1735 ; La Madre dei Maccabei, 1737 ; Il Sacrifizio di Abraam, 1738) et traduit en vers italiens les Tristes d’Ovide. A. J.

Bibl. : Corniani-Ugoni-Ticozzi, I Secoli della lett. ital., éd. de Turin, 1854-56.

MANZONI (Alessandro), poète et romancier italien, né à Milan le 7 mars 1785, mort à Milan le 23 mai 1873. Elevé chez les somasques, d’abord à Mérate, puis à Lugano, il entra en 1799 au collège des Nobles à Milan où il connut V. Monti. Ses premiers vers furent des traductions d’Horace et de Virgile ; ses sentiments étaient alors si révolutionnaires qu’il s’obstinait à écrire les mots roi, pape, empereur, avec une Iettre minuscule ; après la paix de Lunéville, il composa, à l’imitation de Monti, un petit poème intitulé le Triomphe de la Liberté où l’on voit l’ombre de Brutus, apparaissant au jeune poète, se répandre en imprécations contre la papauté, et l’ombre de Marie-Antoinette s’amuser à dépecer les cadavres des républicains. Quelques vers de ce curieux poème furent alors appris par cœur par les condisciples de Manzoni, parmi lesquels se trouvait Frédéric Confalonieri. et celui-ci, bien des années après, au Spielberg, les récitait à ses compagnons de chaîne pour leur rendre courage. Le Triomphe de la Liberté resta inédit jusqu’après la mort de l’auteur. La première poésie qu’il publia fut un sonnet sur Dante (4802). Elevé dans l’admiration de Parini et de Monti, il écrivait alors dans la manière de l’école classique : tout classique en effet est le petit poème Sur la Mort de Carlo Imbonati, qui fut imprimé en 1806 chez Didot, à Paris, où le poète s’était rendu l’année précédente avec sa mère Julia (fille du philosophe Beccaria). L’invention et la conduite de ce petit poème n’ont rien de particulièrement remarquable ; on peut même regretter que le jeune homme se soit oublié jusqu’à exalter, du vivant même de son père, celui qui avait été l’amant de sa mère ; mais il y a dans ces quelques vers certaines phrases qui sont restées justement fameuses, comme le programme de l’école poétique dont Manzoni devait être le chef : pour devenir un grand poète, se fait dire Manzoni par l’ombre d’Imbonati, il faut « sentir et méditer, savoir se contenter de peu, avoir toujours les yeux fixés au but, se conserver purs la main et l’esprit, connaitre le monde juste assez pour le dédaigner, ne s’asservir à personne, ne jamais pactiser avec les indignes, ne trahir jamais la vérité sainte, ne jamais dire un mot qui puisse être interprété comme une louange au vice ou comme un sarcasme à la vertu ». À Paris, Manzoni fut fort bien accueilli, en sa qualité de petit-fils de Beccaria, spécialement par le groupe philosophique qui se réunissait autour de Cabanis et de la veuve de Condorcet ; c’est là qu’il fit la connaissance de Fauriel qui exerça une grande influence sur ses idées et sur le développement de son esprit en élargissant le cercle de ses études et en l’orientant vers les littératures étrangères, spécialement vers la littérature allemande. La correspondance entre les deux amis fut pendant un certain nombre d’années très active, et elle serait fort curieuse ; malheureusement, nous n’avons que les lettres de Manzoni à Fauriel.

Après avoir songé à un poème Sur la Fondation de Venise et à un autre sur le Vaccin, Manzoni écrivit l’Uranie, où se fait sentir l’influence d’Ugo Foscolo, dont il était alors l’ami : ce petit poème en vers libre s’est en effet une application des théories esthétiques du poète des Sépulcres et des Grâces ; la mythologie antique quelque peu renouvelée y sert à symboliser des doctrines scientifiques ou politiques et à leur donner un caractère