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les disparus


« François, le bégayeux à la mine hautaine,
« Qui, des champs du voisin se porta l’acquéreur ;
« Jacques, le plus âgé qui se fit capitaine,
« Joseph, « l’avant-dernier », qui devint laboureur…

« Et Louise, la brune, et Mathilde, la rousse,
« Qui maniaient la faux comme des paysans,
« Dont la voix était claire et dont l’âme était douce,
« Et dont les yeux profonds semblaient des feux luisants !…

« Puis, Jean le benjamin, le plus beau de la race,
« Celui que notre mère embrassait, chaque soir,
« Plus blond que les épis, plus blond que la filasse
« Dont nous faisions sécher les brins, sur un dressoir !…

— « Mais pourquoi, demanda l’enfant, avec mystère,
« Pourquoi ne sont-ils plus avec vous, comme alors ?
« Que sont-ils devenus tous ces gens-là, grand’mère ?
« L’aïeule répondit simplement : Ils sont morts ! »…