Page:Lamontagne-Beauregard - Au fond des bois, 1931.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— 116 —

hautes murailles. Un mince filet de clarté émergeait au-dessus des forêts. Le gris de la mer se distinguait vaguement. Tout semblait enveloppé de brume. Ici et là, des coqs s’éveillaient et chantaient. Quelques maisons, sortant du léthargique silence, laissaient entendre des grincements de verrous, des bruits de portes qu’on ouvre et qu’on ferme.

Angèle marchait d’un pas pressé. Il lui semblait que ses pieds ne touchaient pas terre, qu’elle avait des ailes. Plus elle avançait, plus le jour augmentait. Elle distinguait très bien maintenant le sable des ornières et la découpure des toits. À un tournant du chemin, un gros chien qui aboyait furieusement se dressa devant elle. Elle le chassa en lui jetant une pluie de cailloux. Des enfants l’aperçurent, et tentèrent de la poursuivre avec des bâtons. Mais elle se mit à courir si vite qu’ils s’arrêtèrent, décontenancés.

Elle avait fait déjà plusieurs milles de chemin quand elle s’aperçut, par le calme du dehors et les bruits qui venaient des cuisines, que c’était l’heure du dîner. Dans sa hâte du départ elle n’avait pas songé à prendre une bouchée ni à emporter le