Page:Lamontagne-Beauregard - Au fond des bois, 1931.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 13 —

ment, nous avons pu échapper à cet horrible danger.

Pendant que ma mère attisait le feu, et que mon père et mon frère parlaient ensemble, j’étais occupée à traire Rougette. Soudain, dressant les oreilles, elle a levé la tête comme frappée d’un bruit extraordinaire, et elle se mit à trembler de tous ses membres. Aussitôt nous avons entendu des hurlements affreux qui venaient de l’extérieur. C’était une rumeur grandissante et si sinistre que je ne trouve pas de mots pour la peindre.

— « Une bande de loups ! s’écria mon père, effaré. Mettez tout de suite le verrou de fer dans la porte et fixez des linges épais dans la fenêtre, car ils pourraient apercevoir les lueurs de notre feu et ces lueurs les exciteraient davantage. Ne faisons pas de bruit non plus. Le bruit, comme la lumière, a pour effet de les rendre plus furieux. »

Leurs cris devenaient de plus en plus perçants. On aurait dit que ces bêtes féroces allaient fondre sur nous par milliers.

« Ils vont enfoncer les murs et nous dévorer ! cria mon frère, fou de peur. »

— « Il ne faut pas s’effrayer outre mesure, reprit mon père avec calme. Ces animaux