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La tante accourut pour nous accueillir. Elle était ravie de joie à la vue de sa nièce venue de si loin pour les voir. Le vieux, revenu des champs, accourut à son tour. Comme son aimable visage souriait joyeusement !… « Et cette demoiselle-là, c’est ton amie, disaient-ils, celle qui reste près de chez vous ? Quelle bonne idée de l’avoir emmenée ! » Ils parlaient de tout, de tous. Leurs bons petits yeux clignotaient de plaisir… La porte de cave s’ouvrit ; la petite vieille en revint avec une bouteille de sirop de framboise. Le vieux, en même temps, sortait des armoires un gâteau et une terrinée de crème. Les assiettes de faïence apparurent, puis les gros verres à patte, enfin tout ce que la vieille armoire contenait de plus beau. Jamais on ne peut voir plus de jeunesse en de vieux visages, plus de gaieté dans les rides. Une verve intarissable sortait des lèvres de ces deux vieux. Nous nous levâmes pour partir. Mais il fallut rester à souper. Et je mangeai de ces légumes délicieux cuits avec du lard, de la ciboulette et du persil frisé.

Au départ, en nous embrassant, les petits vieux avaient le cœur gros. « Vous reviendrez, vous reviendrez avant les neiges, »